JEU dE L'OIE
JEU DE l’OIE
(qui est le dindon de la farce ?)
Ca y est, on est dans le jeu. Je redoute.
Elle ne sait pas perdre, elle va sans doute encore inventer les règles .
Par exemple, supprimer la prison. A son sourire nerveux, je devine l’enjeu :
gagner à tout prix ou donner un grand coup dans la table si je gagne,
pour la faire chavirer et renverser les pions .
Elle reprend son pion rouge et le replace sur le jeu, quelques cases plus loin !
Bon, allons-y, elle relance les dés.
Un six, je rejoue. Ca commence bien pour elle. Elle me regarde avec un regard narquois.
Vas-y ma vieille, je ne te crains pas.
Un 4 sur l’oie, je rejoue, je fais 9, je tombe au 26.
Pof, la voilà sur un hôtel, passe ton tour, sale môme, ça te fera du repos.
Son regard me lance des éclairs, on se croirait un jour de 14 juillet.
Je fais 8, une oie, je refais 8,
elle arrache les dés de dépit plutôt qu’elle ne les prend ,
pof, elle les lance si fort qu’un dé a roulé sous la table.
Et elle me montre un 6, quelle chance,
enfin c’est ce qu’elle veut me faire croire.
Ses yeux se transforment en lance-missiles.
J’ai horreur de jouer avec elle.
Labyrinthe mon beau souci.
Je retourne à la 30 sous les ricanements de ma princesse.
Princesse transformée en lionne quand il s’agit de jouer.
Elle a 10 cases d’avance ; elle jubile, elle s’étouffe.
Soudain l’effroi, c’est la prison pour elle au 52.
Retire prestement son pion sans états d”âme
( sa règle à elle : Plus de prisons, le gouvernement a décidé de les supprimer)
Mais pour elle seulement.
Si c’est moi qui y vais, les règles auront changé.
En effet, pas de bol, le gouvernement vient de les rétablir.
Argument habituel, rien à dire à cela : trop de malfaiteurs en liberté.
Je me laisse faire sans riposter.
C’est la loi implacable des filles envers leur père.
case 58 pour moi : tête de mort.
Retour à la case Départ. Manquait plus que ça.
Regard supérieur de ma lionne.
Me nargue, me provoque.
Ses petits doigts s’agitent, secouent bien les dés
qui s’entrechoquent dans ses menottes fermées.
Double 6. Ah ah, encore dix cases et j’y suis.
Une oie qui se dandine en me lançant des regards narquois.
Re double 6, retour en arrière, bof, pas grave, sûre de gagner !
Encore la 19, je passe deux tours, elle, elle recule, pas facile d’arriver au bout.
Fait la moue, s‘apprête à pleurer, tape rageusement du pied...
Moi, je vole de case en case, sans obstacle, sans peine,
j’ai un de ces bols, je la rattrape au 62.
On est au coude à coude, je retourne au 59,
une oie, je rejoue, si je fais 4 je gagne,
je fais 3, elle saute en l’air,
lance les dés comme une folle,
ils roulent sous la table,
elle relance, ils retombent,
je me fâche, elle se calme,
et secoue tout doucement les dés emprisonnés dans ses charmantes mimines.
Si elle fait 4 avant moi, elle a gagné.
Elle fait 5 : 3 + 2.
Elle prend délicatement le dé fautif, le place sur le 2 au lieu du 3.
2+2 = 4 (CQFD)
Le 4 de la victoire.
Rien à dire.
Regard triomphant.
Elle compte (triche) bien, la finaude, quand ça l’arrange !
Je sue à grosse gouttes, je suis vanné,
je capitule devant tant d’aplomb et de mauvaise foi !
cloclo 02/03/2016