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Les jardins de Calude
2 mars 2016

SURBOOKING

surbookée

 

La vie est parfois bien compliquée. Il n‘y a que les âmes simples, je crois, qui puissent accéder véritablement au  bonheur. Les autres s’empêtrent dans des obligations, dans des devoirs qu’ils sont les seuls à vouloir s’imposer. Ils ne trouvent jamais le temps de vous recevoir, sous prétexte que la maison est mal rangée, que ça grignoterait leur temps, qu’ils doivent aller voir une vieille tante, un parent, un malade, que sais-je encore. Ce n’est jamais le moment. Et quand c’est le moment, il est trop tard. Vous avez perdu une rencontre ou une occasion de vous faire un ami, une relation durable.  Vous restez empêtrés dans vos habitudes, qui deviennent solitude parce que vous vous êtes coupés du monde sous de vains prétextes. Vous vous imposez des corvées qui pourraient attendre, des rendez-vous qui n’urgent pas vraiment, toutes sortes de faux alibis qui vous bouffent la vie, polluent votre existence et qui en fin de compte ne vous rapportent rien. Si ce n’est l’insatisfaction des choses non ou mal accomplies, l’impression d’être passé à côté de l’essentiel, bref, d’avoir raté votre vie.

 Le surbooking, maladie du siècle que rien ne justifie, a encore de beaux jours devant lui. Il sépare les familles, vous isole de tous, et aussi de vous-même, car vous vivez sans cesse dans le remords des choses non accomplies, dans le désir des choses à faire et qui ne se feront jamais et dans la culpabilité engendrée par les conséquences de votre conduite. Pas de remède à cela sinon changer de cap, laisser tomber le superflu pour s’attaquer à l’essentiel, c’est-à-dire aux personnes et non plus aux choses, aux amis vivants plutôt qu’aux  objets inanimés, à la parole plutôt qu’aux écrits et au présent plutôt qu’au passé.

Tout ceci pour dire que l’on est ou se rend malheureux par le simple fait que l’on voudrait tout régler à la fois, alors que l’on n’en a ni les moyens ni la force. Il faudrait sans doute, par un exercice d’introspection simple, se poser d’abord les bonnes questions. Pourquoi suis-je débordé, pourquoi ne puis-régler tous ces problèmes en même temps ? Eh bien, parce que l’Homme n’est qu’un être humain, avec ses faiblesses, ses limites et ses frontières. Savoir s’arrêter à temps, savoir prendre du temps pour soi, se dire que ne rien faire n’est pas un péché, mais une obligation saine, s’appuyer sur le bon sens plutôt que sur sa force morale, son courage, sa détermination. Le lâcher-prise a du bon parfois, il est indispensable à notre bon état mental, il nous permet, en lâchant du lest, de mieux respirer, de lever le pied et surtout de se déculpabiliser au regard d’une tâche non accomplie. Le plus dur souvent consiste à  hiérarchiser la somme des tâches à venir pour donner un ordre de priorité à ce qui en vaut la peine et remettre aux calendes grecques ce qui est superflu voire inutile. Quelques listes établies au préalable seraient de bon aloi, quitte à en bousculer l’ordre de temps en temps. Décider de se débarrasser des choses futiles représente parfois un grand effort, mais ce sera le gage d’une belle avancée dans l’ordre des tâches futures à accomplir.  Ne pas se voiler continuellement la face en pensant que tout ce que vous possédez est INDISPENSABLE. Les années passent et avec le temps s’accumulent un tas d’objets qui ne servent plus à rien. Faites-en don à des associations, à des malheureux, mais ne gardez pas chez vous des choses qui pourraient servir utilement et immédiatement à d’autres.

Pour conclure et en revenir à la notion essentielle, qui est celle du bonheur, si je considère que le bonheur me vient des autres et de la relation avec mon entourage, la logique est celle qui tient à affirmer que plus vous aurez réglé vos problèmes d’intendance, et plus vous pourrez vous consacrer à vos amis, vos parents, tout ce qui fait la trame authentique de l’existence, faite de relations suivies, d’amitié et de partage. Je peux m’engager moi-même sur ce terrain, ayant pratiqué par le passé et trop souvent la politique de la femme pressée, débordée, qui ne peut accorder  une minute à ses amis, ne peut inviter chez elle, ni se rendre chez les autres, qui n’a le temps pour rien ni pour personne, cruelle constatation avec le recul et les années.

Il y a des époques de la vie, avec l’âge et l’expérience,  où tout devrait être plus simple pour nous, où les leçons de la vie nous ont enseigné assez de choses pour corriger les erreurs, mettre le cap sur les notions les plus importantes, pour donner du temps aux autres et se donner du temps à soi-même, voilà peut-être la chose la plus difficile à réaliser et chacun devrait y réfléchir  assez sérieusement pour trouver les solutions qui lui conviennent.

2016

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Commentaires
M
Plus jeune je me posais souvent la question "mais après quoi cours-tu ?"<br /> <br /> Maintenant, je dispose de temps mais ai moins de vigueur, suis plus lente...<br /> <br /> Oui, il faut se fixer les bonnes priorités :)
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L
Lorsqu'on atteint cette philosophie de la vie, cela arrive le plus souvent "à un certain âge", l'expérience aidant. Dommage qu'il faille attendre ...
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