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Les jardins de Calude

27 février 2023

DESCENDRE DU MANEGE (2)

2.

 

En ces temps lointains, la pilule n’existait pas. Ou si peu. On se débrouillait comme on pouvait. Les gens se mariaient tôt, car il ne faut pas vivre avec quelqu’un sans se marier, c’est un gros péché et si la fille tombe enceinte, elle sera vouée aux gémonies,  ça retombera sur la famille, qui sera accusée d’avoir mal élevé sa fille.La famille du garçon, elle, sera innocentée, car on ne peut résister à ses pulsions quand on est un mâle, les filles c’est pas pareil, etc… etc… Les gens nés après 68 n’ont pas ou peu connu ces situations , tant mieux pour eux, mais combien de drames se sont joués dans le silence le plus complet, car il ne faudrait pas que tout cela retombe sur une famille bien-pensante qui a élevé son enfant dans le meilleur chemin possible. Ce qu’on appelle communément  le droit chemin. Pour parler plus clairement, il vaut mieux se   marier avec quelqu’un qu’on n’aime pas plutôt que prendre le joli nom de « fille-mère », de subir les foudres de la famille, des amis, des voisins, du curé du coin,  et même des gens qu’on n'a jamais rencontrés.       Résultat : dans les années 60, le nombre d’enfants non désirés a atteint son paroxysme, le nombre de divorces prononcés n’a jamais été aussi fort,  le nombre de mortes par avortement si élevé. Et on voudrait nous faire croire que la vie était mieux avant. Tout s’arrange au fil du temps, la médecine progresse, les hommes deviennent responsables, le respect s’installe, les drames familiaux s’apaisent.    Il faut avoir connu ces temps anciens pour mesurer l’importance des mentalités à cette époque. Et ces pauvres filles dépravées jetées à la rue parce qu’elles avaient cédé trente minutes au pouvoir du sexe, de la tendresse et de l’amour.

Victoire ! Le manège a cessé de tourner.   Tout le monde descend !  Il repart en musique et en embarquant d’autres valeurs, d’autres clients partis pour un nouveau tour de vie. Et c’est tant mieux .

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13 février 2023

DESCENDRE DU MANEGE (1)

1.

 

Il faisait froid ce jour-là, il gelait même à pierre fendre, tiens, une expression
qu’on n’emploie plus de nos jours, dommage ! Les hivers lorrains sont rudes,
surtout pour les gens qui n’y viennent que de temps en temps.  Ce qui est mon cas. Ouf, moi j’habite une région tempérée, mes parents ont eu la bonne idée de déménager avant ma naissance, je ne les remercierai jamais assez. Ma grand-mère a toujours habité le Nord, je ne la vois que très rarement ; nous n’avons jamais tissé les liens qui unissent ordinairement les familles proches l’une de l’autre. Ma grand’mère ne s’en plaint pas, elle dit : chacun chez soi, la proximité engendre la querelle, elle n’a pas tort, je connais des familles qui se chipotent à longueur de vie.

J’avais trois ans, on était en février et le canal était gelé. Je n’avais jamais vu de l’eau où l’on peut marcher dessus, comme sur la route d’à côté. Une route toute blanche, transparente, avec son reflet déformé quand on regarde ses pieds. Ma mère a dit à ma grand’mère : c’est la dernière fois qu’on vient, je n’ai pas fait 1000 km pour me geler les… miches, je crois que c’est le mot qu’elle a employé. Je ne comprends pas ce mot, mais je le jure sur la tête de Lulu qu’ elle a bien dit ça. GM (grand’mère)  a dit : allons tout de même à la pép, ça nous fera une sortie.

On est arrivés sur une grande place, avec des grilles dorées, nous on a des grilles pour fermer le jardin, mais elles n’ont pas cette allure. J’étais émerveillée.  Ma mère me tirait par la manche de mon manteau rouge trop grand pour moi, afin que  j’accélère le pas, mais mes petites jambes ne suivaient pas, pourtant, je savais que le manège m’attendait. Il m’ont déposée sur un grand clown jaune et rouge qui avait un sourire idiot, la musique a démarré à fond et le manège avec.  A un moment, le pompon a rencontré mon visage, ça m’a chatouillé le nez et j’ai éclaté de rire. Le patron était gentil, il riait à pleines dents et chaque fois que je passais devant  lui, il recommençait son manège, c’est le cas de le dire… Il s’obstinait à vouloir que j’attrape le pompon, j’ai tiré un grand coup de mes petites mains de trois  ans et j’ai enfin eu la récompense à mes efforts : un tour de manège gratuit. Après, on a acheté des gaufres et on est rentrés boire un coup dans le bistrot du coin.

Je ne connais pas bien mes grands-parents : j’ai dû les voir 4 fois dans ma vie, à ma naissance et deux ou trois fois chez nous. Ils sont venus en voiture, puis en train, à cause de ce qui s’est passé ensuite. Puis ma grand-mère est venue toute seule, et pas trop souvent, car elle ne conduit pas. J’aimais bien quand elle venait ma grand-mère,  on chantait, on dansait , elle me racontait  des histoires. Une année, elle est arrivée avec le disque d’Emilie jolie. C’était l’histoire d’une petite fille qui s’endormait en rencontrant toutes sortes de personnages. A un moment, mamie s’est levée et a dansé sur la musique, je lui ai dit : ah, mamie, tu fais bien l’autruche. Elle a eu l’air très contente  de ce beau compliment. Quand maman travaille, mamie s’occupe de mes devoirs et me fait  réciter mes leçons. Je suis assez bonne élève, j’ai ce que mamie appelle des facilités et dans l’ensemble, je me débrouille pas mal. J’aime bien aussi les travaux manuels, j’aime tricoter, broder, maman me montre comment faire. Mamie n’aime pas trop ça, avec maman, elle tricote des écharpes, elle dit : c’est bien, y a pas besoin de faire des diminutions, on va tout droit et à la fin, on s’arrête.

Avec mamie, on joue aussi aux cartes, je ne suis pas très bonne joueuse, je n’aime pas perdre, et même des fois, elle me traite de tricheuse. Quand maman rentre du boulot, elle demande : alors, les devoirs, ça s’est bien passé ? On lui fait des petits sourires avec des regards complices et comme ça, tout s’arrange, elle est rassurée.

Je fais aussi du patin à roulettes, je me débrouille pas mal, mamie me suit des yeux en me criant attention, tu vas rentrer dans le mur. J’aime lui faire peur, même si je sais qu’elle-même a fait beaucoup de ce sport quand elle était petite.
Et pas dans son jardin comme moi, mais sur une route où pouvaient passer aussi des voitures. Mamie a l’air sage, comme ça, mais je sais qu’elle était téméraire (c’est le mot qu’elle a employé) autrefois. Et elle a ajouté en riant : comme Charles, hi, hi hi… Je n’ai pas compris l’allusion, et pour cause…  Bref, elle n’avait peur de rien ou presque ma mamie, c’est pourquoi elle n’a pas à me donner de leçons.

On a aussi une belle piscine ; papa l‘entretient bien, il la récure, il la vidange, il a des appareils qu’on met dans l’eau et qui font le travail tout seuls. C’est cool. C’est  moderne. Je suis gâtée, car mes petites copines à l’école n’ont pas toutes des piscines. Alors je les invite chez moi et on fait de bonnes parties dans l’eau. Maman souvent nous rejoint. Ensuite, elle se fait bronzer sur sa chaise longue en lisant un magazine.

(à suivre)

 

 

19 novembre 2020

DANS MON CORPS

 

 

 

cailloux

 

Dans mon corps il y a mon cœur
Dans mon cœur il y a mes artères
dans mes artères il y a mes veines
dans mes veines il y a mon sang
dans mon sang il y a des gouttes
dans ces gouttes il y a la vie
dans ma vie il y a l’amour.

Dans cet amour il y a la joie
et dans la joie , il y  a le rire.

Le rire tua la joie
la joie tua l’amour
l’ amour tua la vie
la vie perdit ses gouttes
qui perdirent leur sang
mon sang quitta mes veines
mes veines mes artères
mes artères mon cœur.


Mon cœur sans ses repères
périt aux croisées de mon corps.

CLOCLO, 19/11/2020

(à la manière de Paul Eluard dans Dans Paris)

29 septembre 2020

OUVERTURE FACILE

S'il est un exercice des plus périlleux au monde, c'est bien celui de déboucher une bouteille. Encore hier, et je ne mens pas, j'étais chez une amie que ne boit que de l'eau, j'avais apporté une bouteille de vin pour être sûre que mon repas ne serait pas gâché par cette cruelle absence, mais en fouillant tous ses tiroirs, pas de tire-bouchon, c'est un objet inutile pour elle. Je me souviens tout-à-coup que je dois avoir dans mon sac un canif multi-usages, eh oui, j'en avais un, mon repas et surtout l'ambiance étaient pour cette fois sauvés...

 

Car quid de l'ambiance quand on ne boit que de l'eau ? Les concepteurs de cet instrument l'ont bien compris de leur côté, il n'y a, n'est-ce pas, que les objets (et les êtres) de valeur (que dis-je, de saveur) qui méritent qu'on se donne du mal pour les conquérir ! Aurait-t-on l'idée de fermer les bouteilles d'eau avec des bouchons en liège qui demanderaient tant d'effort ? L'époque actuelle est à la simplification, à la facilité, à la rapidité de mouvements qui sont précieux et qu'on ne doit pas gâcher par des efforts inutiles. L'indication Ouverture facile est un piège, un leurre, que dis-je une escroquerie. Elle s'étend à présent à des tas d'articles qui souvent, malgré l'avis imprimé en gras sur l'étiquette placée là pour rassurer le client, résiste souvent et définitivement à leurs efforts, efforts d'autant plus grands que le sujet est âgé.

 

S'il vous plaît, messieurs les concepteurs, inventez des objets faciles à ouvrir, à refermer, ne m'obligez plus à aller chercher mon voisin ex champion de bodybuilding pour ouvrir ma bouteille ! Je sais, vous allez me dire qu'il est pourtant  beau gosse, mais comment s'attarder chez lui quand cinq amies (tout aussi nulles que moi) m'attendent pour déboucher le précieux breuvage et arroser le fameux anniversaire du mois de mars que l'on fête seulement aujourd'hui. Il paraît qu'il y a un musée du tire-bouchon dans le midi. Je serais curieuse de le connaître, comme tous ces objets si utiles et que, hélas, nous, faibles femmes, ne sauront jamais utiliser  !

 

Pour Miletune, septembre 2020

 

23 août 2020

TRUCS ET ASTUCES

 

MONSIEUR,

 

Si vous voulez garder votre femme
faites-lui des compliments toute la journée
dites-lui qu’elle est bien coiffée
que sa tenue lui va comme un gant
qu’elle a encore rajeuni
que sa conversation vous enchante
que sa compagnie vous ravit
que son absence vous pèse
que ses qualités de mère sont admirables
que sa patience n’a pas de limites
qu’elle est la femme de votre vie
qu’elle a toutes les qualités du monde
qu’elle sait être à votre écoute
satisfaire vos moindres besoins
comprendre vos problèmes au travail
accepter même de recevoir votre secrétaire.

 

MADAME,

 

Si vous voulez garder votre mari
faites-lui juste de bons petits plats
matin, midi et soir
bien goûteux, bien mijotés
et en quantité suffisante.
C’est tout !

 

(pour miletune, 22 août 2020)

brxvg1bi

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22 août 2020

SYMBIOSE

 

 

champs-de-ble

 

 

Je ne dors pas,
même si je rêve à vous deviner,
faunes enfouies dans le  frais matin
d’un mois de juillet timide et tranquille,
qui halète en secret, retient sa voix,
son souffle en ses gestes furtifs,
ses marches souterraines
et ses aériens battements.

Où êtes-vous donc ?
Sans doute là où l'on ne vous attend pas !
En haut, en bas, au loin, derrière,
où tout se frôle,
s’effleure et se caresse
sans jamais se heurter.

C’est la symbiose quasi parfaite entre des êtres
invisibles mais aisément identifiables,
le gigantesque pouvoir de l’infiniment petit
sur cette pauvre espèce humaine
que l’on nomme à tort supérieure.

Tout s’inverse, tout se distille
tout retourne à l’humilité première
dans un souci d’égalité.


Chacun poursuit sa route,
chacun apprend à se respecter ;
et le jour suit dignement sa course
dans la moiteur calme et mouvante des grands blés.

cloclo

 

 

21 juillet 2020

LA PERLE RARE Ce n’était pas un’ perle rare il y

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LA PERLE RARE

 

Ce n’était pas un’ perle rare
il y en avait beaucoup comme elle
oui y en avait bien des milliards
mais n’en était pas de plus belles…

Ce n’était pas une perle fine
ni un bijou vraiment précieux
y en avait tant comm’ sa bobine
mais je n’ai jamais trouvé mieux…

Dire qu’elle était un peu rond’lette
ne serait pas lui faire injure
sûr qu’elle était plutôt coquette
et f’sait honneur à sa parure !

N’était pas non plus paresseuse
savait vite reprendr’ le collier
craignait pas l’ travail à la chaîne
et bossait comme un joaillier…

elle n’était pas non plus volage
elle savait bien tenir son rang
car jamais elle ne fit naufrage
au fond d‘un’ rivière de diamants…

C’était un’ perle de culture
qui pouvait vous en remontrer !
Un jour que j’étais en voiture
je la perdis  dans un fossé…

Depuis je cherche la perle rare
qui pourrait bien la remplacer
mais je sais bien qu’il est trop tard
alors, je pars…la retrouver !

cloclo, 20/07.2020

19 juillet 2020

IL FAUT VIVRE

 

Poppies

IL FAUT VIVRE


Il faut vivre, l'azur au-dessus comme un glaive
Prêt à trancher le fil qui nous retient debout
Il faut vivre partout, dans la boue et le rêve
En aimant à la fois et le rêve et la boue
Il faut se déplacer d'adorer ce qui passe
Un film à la télé, un regard dans la cour
Un cœur fragile et nu sous une carapace
Une allure de fille éphémère qui court
Je veux la chair joyeuse et qui lit tous les livres
Du poète au polar, de la Bible à Vermot
M'endormir presque à jeun et me réveiller ivre
Avoir le premier geste et pas le dernier mot
Étouffer d'émotion, de désir, de musique
Écouter le silence où Mozart, chante encore
Avoir une mémoire hypocrite, amnésique
Réfractaire aux regrets, indulgente aux remords

Il faut vivre, il faut peindre avec ou sans palette
Et sculpter dans le marbre effrayant du destin
Les ailes mortes du Moulin de la Galette
La robe de mariée où s'endort la putain

Il faut voir Dieu descendre une ruelle morne
En sifflotant un air de rancune et d'espoir
Et le diable rêver, en aiguisant ses cornes
Que la lumière prend sa source dans le noir
Football, amour, alcool, gloire, frissons, tendresse
Je prends tout pêle-mêle et je suis bien partout
Au milieu des dockers dont l'amarre est l'adresse
Dans la fête tzigane et le rire bantou
On n'a jamais le temps, le temps nous a, il traîne
Comme un fleuve de plaine aux méandres moqueurs
Mais on y trouve un lit et des chants de sirènes
Et un songe accroché au pas du remorqueur
Jamais ce qui éteint, jamais ce qui dégoûte
Toujours, toujours, toujours, ce qui fait avancer
Il faut boire ses jours, un à un, goutte à goutte
Et ne trouver de l'or que pour le dépenser
Qu'on s'appelle Suzanne, Henri, Serge ou que sais-je
Quidam évanescent, anonyme, paumé
Il faut croire au soleil en adorant la neige
Et chercher le plus-que-parfait du verbe aimer

Il faut vivre d'amour, d'amitié, de défaites
Donner à perte d'âme, éclater de passion
Pour que l'on puisse écrire à la fin de la fête :
Quelque chose a changé pendant que nous passions.

Claude Lemesle

15 juillet 2020

Toujours la beauté des fleurs

Toujours la beauté des fleurs

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5 juillet 2020

Les reconnaîtrez-vous ? C'était il y a quelques

Les reconnaîtrez-vous ? C'était il y a quelques décennies déjà  !

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