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Les jardins de Calude
13 février 2023

DESCENDRE DU MANEGE (1)

1.

 

Il faisait froid ce jour-là, il gelait même à pierre fendre, tiens, une expression
qu’on n’emploie plus de nos jours, dommage ! Les hivers lorrains sont rudes,
surtout pour les gens qui n’y viennent que de temps en temps.  Ce qui est mon cas. Ouf, moi j’habite une région tempérée, mes parents ont eu la bonne idée de déménager avant ma naissance, je ne les remercierai jamais assez. Ma grand-mère a toujours habité le Nord, je ne la vois que très rarement ; nous n’avons jamais tissé les liens qui unissent ordinairement les familles proches l’une de l’autre. Ma grand’mère ne s’en plaint pas, elle dit : chacun chez soi, la proximité engendre la querelle, elle n’a pas tort, je connais des familles qui se chipotent à longueur de vie.

J’avais trois ans, on était en février et le canal était gelé. Je n’avais jamais vu de l’eau où l’on peut marcher dessus, comme sur la route d’à côté. Une route toute blanche, transparente, avec son reflet déformé quand on regarde ses pieds. Ma mère a dit à ma grand’mère : c’est la dernière fois qu’on vient, je n’ai pas fait 1000 km pour me geler les… miches, je crois que c’est le mot qu’elle a employé. Je ne comprends pas ce mot, mais je le jure sur la tête de Lulu qu’ elle a bien dit ça. GM (grand’mère)  a dit : allons tout de même à la pép, ça nous fera une sortie.

On est arrivés sur une grande place, avec des grilles dorées, nous on a des grilles pour fermer le jardin, mais elles n’ont pas cette allure. J’étais émerveillée.  Ma mère me tirait par la manche de mon manteau rouge trop grand pour moi, afin que  j’accélère le pas, mais mes petites jambes ne suivaient pas, pourtant, je savais que le manège m’attendait. Il m’ont déposée sur un grand clown jaune et rouge qui avait un sourire idiot, la musique a démarré à fond et le manège avec.  A un moment, le pompon a rencontré mon visage, ça m’a chatouillé le nez et j’ai éclaté de rire. Le patron était gentil, il riait à pleines dents et chaque fois que je passais devant  lui, il recommençait son manège, c’est le cas de le dire… Il s’obstinait à vouloir que j’attrape le pompon, j’ai tiré un grand coup de mes petites mains de trois  ans et j’ai enfin eu la récompense à mes efforts : un tour de manège gratuit. Après, on a acheté des gaufres et on est rentrés boire un coup dans le bistrot du coin.

Je ne connais pas bien mes grands-parents : j’ai dû les voir 4 fois dans ma vie, à ma naissance et deux ou trois fois chez nous. Ils sont venus en voiture, puis en train, à cause de ce qui s’est passé ensuite. Puis ma grand-mère est venue toute seule, et pas trop souvent, car elle ne conduit pas. J’aimais bien quand elle venait ma grand-mère,  on chantait, on dansait , elle me racontait  des histoires. Une année, elle est arrivée avec le disque d’Emilie jolie. C’était l’histoire d’une petite fille qui s’endormait en rencontrant toutes sortes de personnages. A un moment, mamie s’est levée et a dansé sur la musique, je lui ai dit : ah, mamie, tu fais bien l’autruche. Elle a eu l’air très contente  de ce beau compliment. Quand maman travaille, mamie s’occupe de mes devoirs et me fait  réciter mes leçons. Je suis assez bonne élève, j’ai ce que mamie appelle des facilités et dans l’ensemble, je me débrouille pas mal. J’aime bien aussi les travaux manuels, j’aime tricoter, broder, maman me montre comment faire. Mamie n’aime pas trop ça, avec maman, elle tricote des écharpes, elle dit : c’est bien, y a pas besoin de faire des diminutions, on va tout droit et à la fin, on s’arrête.

Avec mamie, on joue aussi aux cartes, je ne suis pas très bonne joueuse, je n’aime pas perdre, et même des fois, elle me traite de tricheuse. Quand maman rentre du boulot, elle demande : alors, les devoirs, ça s’est bien passé ? On lui fait des petits sourires avec des regards complices et comme ça, tout s’arrange, elle est rassurée.

Je fais aussi du patin à roulettes, je me débrouille pas mal, mamie me suit des yeux en me criant attention, tu vas rentrer dans le mur. J’aime lui faire peur, même si je sais qu’elle-même a fait beaucoup de ce sport quand elle était petite.
Et pas dans son jardin comme moi, mais sur une route où pouvaient passer aussi des voitures. Mamie a l’air sage, comme ça, mais je sais qu’elle était téméraire (c’est le mot qu’elle a employé) autrefois. Et elle a ajouté en riant : comme Charles, hi, hi hi… Je n’ai pas compris l’allusion, et pour cause…  Bref, elle n’avait peur de rien ou presque ma mamie, c’est pourquoi elle n’a pas à me donner de leçons.

On a aussi une belle piscine ; papa l‘entretient bien, il la récure, il la vidange, il a des appareils qu’on met dans l’eau et qui font le travail tout seuls. C’est cool. C’est  moderne. Je suis gâtée, car mes petites copines à l’école n’ont pas toutes des piscines. Alors je les invite chez moi et on fait de bonnes parties dans l’eau. Maman souvent nous rejoint. Ensuite, elle se fait bronzer sur sa chaise longue en lisant un magazine.

(à suivre)

 

 

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Commentaires
A
OUI, je l'ai bien délaissé, mon blog ! Je reviens du Sud et de Lyon, j'ai passé de bons moments avec mes enfants. bises .
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M
Je me réjouis de lire la suite du récit de cette petite fille, chère Cloclo.<br /> <br /> Et je suis heureuse de te voir reprendre ta plume.<br /> <br /> Bises, Mony
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