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Les jardins de Calude
7 août 2014

HÔTEL TRES PARTICULIER (chapitre 4)

 

Attention, suspense assuré !!

 

IV

 

Jacques et moi étions dans le plus grand découragement, nos jambes commençaient à fatiguer, je m’étais même tordu la cheville droite (déjà fragilisée par une opération récente) en descendant un chemin abrupt aux pierres disjointes ; Jacques  soufflait de plus en plus fort, étant légèrement asthmatique, seule Juliette affichait une forme olympique et gambadait en sautant sur les pierres et en enjambant allégrement les obstacles. Sa dernière rencontre avec la pipistrelle l’avait subjuguée, elle était à la fois effrayée et émerveillée d’avoir observé de si près ces animaux fantastiques qui, habituellement, vivent dans l’ombre et se retranchent dans de sombres cavernes. Quand on rentrera chez nous, dit Juliette, j’adopterai une chauve-souris, ou plutôt deux : on les mettra au grenier, il y a assez de place pour elles ! Elles feront des petits ensemble et ainsi on aura une grande famille pour nous tenir compagnie. Il faudrait déjà qu’on trouve la sortie, dit Jacques, ce qui me paraît bien compromis pour l’instant.  Je suivais en portant le sac qui devenait de plus en plus lourd au fil des heures. C’est à ce moment qu’une voix  forte se fit entendre, on aurait dit qu’elle avait lu dans mes pensées : Jacques, ça ne te dérange pas de voir ta femme porter le sac ? Jacques se retourna et m’arracha le sac avec vigueur, contrarié qu’un étranger lui donne de tels ordres.  J’étais enfin soulagée et ma marche se fit alors plus sûre et plus rapide. Juliette poursuivait sa route à 15 mètres de nous, guidée par son seul instinct et nous, machinalement et sans aucun état d’âme la suivions sans broncher. Nous étions devenus des robots sans pensée et sans état d’âme et accomplissions notre marche en avant, comme si nous allions à notre dernier supplice. Tout à coup, deux grands yeux jaunes fluo surgirent de l’ombre, cachés derrière une grosse roche recouverte de mousse et d’une sorte de lierre verdâtre.

-          Tu m’as fait peur, gros nigaud, dit Juliette en éclatant de rire

-          Y a pas d’quoi, ai-je une tête à faire peur ?

-          Ma foi non, tu es simplement un peu plus gros et plus gras que ceux de mon cousin à Toulouse

-          Que faites-vous ici ?

-          Eh bien, nous cherchons la sortie, peux-tu nous aider… euh, comment t’appelles-tu, déjà ?

-          Arthur, mais tout le monde m’appelle Calamity,  c’est moi le chef ici.

-          Où sont les autres ?

-          Ils font la sieste dans la grotte, là-bas ils sont au frais et personne ne les dérange

-          Puis-je toucher ta fourrure ?

-          Bien sûr, je ne mords pas les petites filles, mais attention, j’ai une sainte horreur des adultes, et surtout des Messieurs qui portent des sacs de plage à rayures bleues et blanches !

-          Mais c’est mon père ! Tu ne vas pas manger mon père, tout de même !

-          Quand j’ai bien faim, je peux, oh, pas tout entier, juste un petit morceau, pour goûter. Mes morceaux préférés sont le mollet et la cuisse…

-          Sale bête, disparais de ma vue, ou je…

-          Ou quoi ? tu n’as aucun moyen de défense, mon petit chou, et je ne peux faire de toi qu’une bouchée…

-          Pardon, Monsieur Calamity, je ne vous offenserai plus à l’avenir, oh, que votre pelage est doux et  que vos gros yeux jaunes sont ronds et merveilleux…

-          Bon, ça va, n’en jette pas trop non plus, vous voulez aller où ?

-          Je t’ai dit : on veut sortir d’ici, et en vitesse, on a faim, on a soif, on est fatigués, et je voudrais aller piquer une tête dans l’eau, et le plus vite possible !

-          Bon, il y a un moyen, mais il va falloir être malin, je vais te poser une énigme et si vous répondez bien, je vous indiquerai la sortie.

-          Maman, papa, j’ai besoin de votre aide !

 

On s’assit tous en rond au pied de la caverne et Calamity nous posa cette énigme :

 

On la tourne pour avancer.

Mais quand on l’est,

Cela signifie que l'on est branché

 

Qui est-elle ?

 

Il se fit un grand silence dans le souterrain, on n’entendait que quelques gouttes qui suintaient de la voûte et participaient à l’élaboration d’une stalagmite en pleine formation.

-          Je ne vois pas, dit Jacques

-          Je ne vois pas non plus, répétai-je en écho

-          Je réfléchis, dit Juliette

Dire combien de temps nous restâmes sur place serait difficile à évaluer. Nous n’avions plus aucune espèce d’idée du temps. Nos montres étaient restées bloquée à 10 heures ce matin. Etions –nous seulement le même jour, ou l’horloge avait-elle déjà fait un tour complet ?  Aucune idée. Ce que nous savions, c’est que la faim nous tenaillait, nous avions épuisé toutes nos réserves et tous les petits gâteaux  destinés à nous « caler » avant le déjeuner. Il nous restait juste un fond de bouteille que nous économisions le plus possible pour ne pas en être privés trop tôt.

-          Alors, vous avez trouvé ? Demanda Calamity

-          Je cherche, laisse-moi me concentrer !

Jacques et moi nous étions écroulés en laissant Juliette toute seule à chercher. Je fus réveillée au bout d'un long (?) moment par un grand coup de coude. Alors, vous dormez ? Merci tout de même de m’avoir aidée ! C’est sympa de votre part ! Le gros chat avait disparu. Nous nous dîmes que notre calvaire allait recommencer et que par notre faute et notre manque de perspicacité, Juliette, Jacques et moi allions mourir bientôt dans cet affreux trou noir.

-          Alors Juliette, cette énigme ?

Mais Juliette se refusa à toute réponse. Elle réajusta son sac à dos derrière elle et se remit en marche sans plus nous  adresser la moindre parole.  Quand nous arrivâmes au niveau du repaire de Calamity, un rire énorme et bestial ébranla la voûte,  Juliette esquissa un vague sourire et haussa doucement les épaules. Quant à nous,   condamnés à faire profil bas en raison des circonstances, nous la suivîmes avec docilité et  lui enboitâmes le pas avec résignation et humilité.

 

(à suivre)

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Commentaires
P
Tu vas bientôt avoir la solution
Répondre
E
je crains que non
Répondre
P
As-tu trouvé la réponse à l'énigme ?
Répondre
E
savoureux ! à mi chemin entre Oedipe et .... ça https://www.youtube.com/watch?v=r7mAiZf6xRM
Répondre
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