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Les jardins de Calude
25 octobre 2012

Chambre d'hôtel

hopper_hotelroom

HOPPER, hotelroom

 

Je pourrais lire quelque chose de plus intéressant qu’un indicateur des chemins de fer, mais le temps me manque, à quelle heure déjà ce train pour Kansas-city, je tremble à l’idée de subir le sort de ce pauvre Fats, mort d’une pneumonie à 39 ans dans ce même train ! Espérons qu'il ne tombera pas en panne ou ne sera pas retardé par le mauvais temps, c’est une plaie, cet état, avec ses écarts de température et ses averses fréquentes. Mais pourquoi John a-t-il eu l’idée de s’installer là-bas ? Pour cette saleté d’or noir qui, j’en suis sûre, sera vite épuisé et nous ramènera bientôt à L.A, une ville tout de même plus agréable.

Sapristi, ça me fait quelque chose de voyager dans le Santa Fe big chief, peut-être y retrouverais-je le fantôme de Weller et les accords syncopés de son piano magique ? Si seulement John était artiste, ou écrivain, ou peintre, mais rien de tout ça, il n’a qu’un mot à la bouche : les affaires et son foutu pétrole. Je me suis laissé attendrir par son physique, voilà tout, et aussi par ses tablettes de chocolat et son sourire enjôleur. Et sa façon bien à lui de faire l’amour. Dans ces instants magiques, il oublie qu’il est le roi du pétrole et me trouve des tas de  petits noms tous aussi ridicules les uns que les autres : il m’appelle sa gazelle en sucre, sa bisonne sauvage, sa graine d’opossum ou mieux : mon puits n°4 (c’est celui qui donne le plus de rendement). Tout de même, il pourrait trouver d’autres comparaisons ! Mais ces moments privilégiés ne durent guère, le voilà à nouveau repris par ses affaires et moi je n’ai plus qu’à l’attendre en me peignant les ongles de pied et en me manucurant pour le séduire à son retour.

9h14, il serait temps que je me décide, je vais appeler le valet de chambre pour qu’on me trouve une voiture pour aller à la gare. Mon Dieu, je vais devoir quitter ce confort pour un pays rude, avec des gens rustres qui ne craignent ni le froid ni la poussière , ni la tempête. Il paraît qu’il fait jusqu’à – 6 en hiver. Il y a même de la neige parfois, moi qui n’aime que le soleil. Que va devenir mon joli bronzage ? Si encore je savais monter à cheval, ça m’aiderait à passer le temps, il va falloir que j’apprenne, sinon, je n’ai pas fini de me morfondre. Bon, chassons ces idées noires, on verra bien là-bas, l’essentiel, c’est de rejoindre mon Johny, pas vrai ?

Si au moins, j’avais des enfants, mais il n’a jamais voulu m’en faire, et bientôt il sera trop tard, je prendrai un chien, et même deux, et je pourrai élever des poules, c’est bien, les poules, pour les œufs. Et des lapins aussi, ça fornique toute la journée, au moins, on n’a pas besoin de leur trouver des occupations, et peut-être même des vaches et des chèvres… Bon, allons nous habiller, cette fois, plus le temps de rigoler, comment il va me trouver changée, mon Johny, il va dire : tu as bonne mine, ma gazelle, tu as de la chance de pouvoir partir en vacances, toi…

Si l’année prochaine, il ne veut pas partir, j’irai seule à L.A, tant pis pour lui, il sait à quoi il s’expose de me laisser ainsi seule. Je ne suis pas de bois, moi ! Au fait, il faut que j’aille dire adieu à Jack, il va me manquer, nous avions noué une si jolie relation, tous les deux…Il m’a promis de venir me voir dans mon « trou », je l’embaucherai comme cow-boy ou homme à tout faire, ou encore comme professeur d’équitation. Johny ne se méfiera pas et nous pourrons nous envoyer en l’air sans le moindre risque. Et puis on écoutera ensemble Fats Weller, Baby, Oh ! Where can you be ? C’est le morceau qu’il préfère. Pauvre Fats, nous n’avons pas de chance, toi et moi, de voyager dans ce maudit train !

Oh la la, vite, vite, de longues heures m’attendent dans ce tacot de malheur, heureusement, j’ai emporté un gros livre, et j’aurai tout le temps de rêver à nos retrouvailles, brave Johny, si bon, si naïf, si confiant… oui, c’est un homme bien, Johny, dommage que je ne sois pas vraiment à la hauteur…

 

cloclo, 24 octobre

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Commentaires
P
oui je remets dare dare un p à Hopper, on se connaît, tant mieux, avec ces pseudos, on s'y perd, mais c'est la loi du genre, moi, je fais semblant de me cacher, mais tout le monde me connaît...PS ce n'est pas une lettre dépliée, mais VRAIMENT un indicateur des chemins de fer enfin, c'est ce que j'ai lu en me renseignant sur ce tableau ! je n'ai, hélas, pas vu l'expo HOPPER, à mon grand regret. Cordialement, amicalement, tendrement, passionnément, selon le degré d'intimité qui existe entre nous !
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N
Merci, Claude, de remettre son deuxième p à Hopper..<br /> <br /> Tu (on se connaît ; qui suis-je ? héhé !!) parles de livre dans ce tableau : ça semble évident et je le croyais aussi ; en fait, quand on est tout près du tableau (à l'expo Hopper) ça ressembe fort à une lettre dépliée .... je sais, ce n'est pas visible et j'étais la première étonnée ... mais ça donne une dimension différente à la lecture du tableau.<br /> <br /> Bon week-end.
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M
Comment résister à pareils mots doux ? Résistera-t-elle si loin de L.A. ? L'avenir nous le dira..
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