Logorallye

Il pleut aujourd'hui, je suis sûre que vous vous ennuyez dans votre coin. Je vous propose de faire ce petit logorallye et de me l'envoyer par "contacter l'auteur". Je publierai tous les textes que je recevrai. A vos plumes et pour vous encourager, je vous envoie le mien.

Trac, , sens, prétention, mots, trace, culture, présent, triste, inutile, stupide, plaisir, angoisse, noir, copie, temps, disponible, important, abruti, envie, aimer, écrits, oppression.

LE TRAC

Le trac, quelle drôle de chose ! Il paraît qu’il n’affecte que les bons acteurs, les bons comédiens, les bons chanteurs, en gros tous les bons, les autres n’éprouvent que le plaisir et la satisfaction de caresser leur égo dans le sens du poil et d’offrir leur médiocrité au troupeau des stupides, des ignares, ceux qui, souvent, occupent des sphères inférieures ou identiques à eux. Les gens sans prétention ont souvent plus de choses à offrir aux autres, ils ne se gargarisent pas de vains mots, ne s’embarrassent pas de futilités, mais vont à l’essentiel, ils n’ont nulle intention de laisser derrière eux un souvenir, un témoignage, une théorie, un système, une culture, ils mettent toute leur ardeur, leur énergie à occuper l’instant présent, à prendre de la vie ce qu’elle a de meilleur, de plus durable, d’universel. Si par erreur, ils laissent une trace de leur passage en ce monde en commettant quelque écrit, c’est vraiment par une de ces nécessités absolues qui les pousse à commettre un tel acte. Car pour eux, écrire n’a pas de sens, ils considèrent qu’il est bien triste et surtout inutile  de piéger les mots sur des pages vierges et de les enfermer dans des livres que personne n’ouvrira  jamais. Ou seulement quelques abrutis, un jour de grande déprime ou en prélude à une sélection pour un archivage-poubelle.

Les gens modestes n’ont pas le trac, ils ne se montrent pas en public, n’écrivent pas de livre, ainsi ils ne connaissent ni l’angoisse du trou noir ou de la page blanche, ni la terreur de ne pas rendre leur copie à temps à un éditeur impatient et pointilleux ou de prononcer un discours devant un public hargneux et impitoyable. Ainsi ils ne risquent pas grand-chose et sont toujours disponibles pour une rencontre enrichissante, une discussion constructive, un échange de point de vue, ce sont eux, en fait, les véritables rois de la communication, car au lieu de parler et d’écrire sur elle, ils la vivent intensément tous les jours de leur vie. Ils ont toujours du temps à donner aux autres. Ce qu’ils considèrent comme la chose la plus importante sur terre : Aimer ses semblables et leur consacrer le temps qu’il faut pour entretenir une relation durable, qu’elle soit amicale, amoureuse ou autre. Que restera-t-il de nos écrits après notre mort ? Seulement quelques fétus de paille sacrifiés au grand bûcher de nos vaines illusions. Seuls quelques « grands » survivront à l’oubli et au naufrage, et encore, mais qui prétendrait actuellement pouvoir en faire personnellement partie ? L’envie plus que le besoin gouverne  notre monde. A part quelques peuples pour qui les mots de Liberté et de Bonheur ont un sens non galvaudé, aux côtés de celui de Famine et d’oppression, nous courons souvent après des chimères et nos soifs d’autre chose sont toujours plus grandes. Pour les éternels insatisfaits que nous sommes, l'accès au bonheur est loin d'être acquis, à qui la faute ?

Quand je tente de creuser cette idée, c'est ce qui me donne vraiment le TRAC !