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Les jardins de Calude
18 mai 2010

Je t'aime pour la vie...

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Je t'aime pour la vie
disait-elle, mais elle ne précisait jamais de quelle vie il s'agissait. Elle avait épousé Joseph, son aîné de trente ans, dont les qualités essentielles étaient son compte en banque bien garni et l'assurance-vie qu'il avait contractée pour elle l'année dernière.

Je t'aime pour la vie, disait-il en se penchant amoureusement vers elle. Et lui,  savait que c'était pour la sienne, et qu'il fallait en profiter un maximum, car cette  vie improbable et rêvée ne durerait pas, il en était conscient, et s'il occultait volontairement les raisons qui l'avaient poussée, elle, jeune, jolie et désirable,  à l'épouser, c'était pour se donner sans calcul les derniers, ses derniers vrais moments de bonheur. 

Je t'aime pour la vie, il lui semblait voir à présent en son époux les premiers signes de la vraie déchéance, le moment où pouvait lui arriver, sans signes avant-coureurs,  tout accident de santé irréversible et inéluctable, elle se sentait alors partagée entre la nécessité de lui mentir, pour le protéger un peu, en continuant à lui donner l'illusion de son attachement illimité, et la satisfaction intérieure dêtre prochainement délivrée d'une promiscuité qui devenait chaque jour pour elle, plus pesante, plus dificile à gérer.

Je t'aime pour la vie, il prenait maintenant totalement conscience que son état nécessiterait désormais plus de vigilance, plus de présence suivie à ses côtés, et il s 'en voulait de priver sa jeune et merveilleuse épouse des moments qu'elle pourrait passer au dehors à se divertir, à faire ses emplettes, à flâner dans les rues de la ville à la recherche d'un accessoire de mode, d'une paire de ballerines, ou du petit chapeau qu'elle avait essayé l'autre jour, et qui lui allait à ravir...

Je t'aime pour la vie, la vie lui devenait pesante, insoutenable, elle en venait à présent à avoir des désirs d'en finir, à appeler de toutes ses forces le départ de cet encombrant époux, pour lequel elle n'avait plus aucune attirance. Et pourquoi pas ne pas le précipiter un peu, ce départ,  en forçant la dose quotidienne,  en appuyant par exemple un peu lourdement sur le compte gouttes, et en lui versant chaque matin 100 gouttes au lieu des 50 prescrites, juste une petite erreur d'appréciation, ce  serait un incident sans trop de gravité,  facilement excusable et difficilement détectable ...

Je t'aime pour la vie, il sentait  ses forces défaillir, il lui fallait à présent garder la chambre, le bon docteur Gentil ne comprenait pas ce rapide  affaiblissement et cette dégradation si soudaine. Et pourtant, la belle Faustine restait là,   empressée, infatigable,   jour et nuit sans relâche à ses côtés, toujours d'égale humeur, sans une plainte, c'était le dévouement incarné, qui forçait l'admiration de chacun. Sans elle, je serais mort depuis longtemps, pensait le brave Joseph, c'est bien elle ma joie de vie, mon dernier rayon de soleil...

Je t'aimais pour TA vie, et aujourd'hui tu es mort, je te regretterai, c'est sûr, tu vas me manquer , mais il faudra bien que je m'en remette, la vie est si courte, il me reste l'héritage, cela va m'aider à repartir d'un bon pied, j'ai encore de belles années devant moi  pour le dépenser...

S'il vous plaît, ne me félicitez ni ne me remerciez pas, mes chers amis, tout autre que moi en aurait fait  autant  !

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cloclo, un peu cynique, mais ne nous voilons pas la face, ce genre de situation existe, même si tout le monde ne verse pas les 100 gouttes fatidiques !! J'ai vu dernièrement à la télé un reportage sur une femme qui avait lentement empoisonné son mari (jeune et beau) à l'aide de son amant, le médecin du village, lequel avait délivré sans état d'âme un certificat de mort naturelle.

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