LES JOIES DE LA CAMPAGNE
(celui-ci nest pas le mien !!)
Belle journée à la campagne, il faut en profiter pour finir les travaux urgents. La moisson est en avance cette année, le paysan, juché sur sa grosse machine passe et repasse devant mes fenêtres en laissant voler ça et là des brins de paille qui vont s'incruster sur ma façade immaculée.
Mon voisin a sorti tout à l'heure sa tondeuse flambant neuve dernier cri, avec broyeur incorporé, ce qui me rend furieuse, car jusque là, j'étais la reine incontestée de la tonte, à des lieues à la ronde. Sa machine fait un bruit d'enfer, heureusement pour lui, il a tout prévu et porte un casque anti-bruit. Moi pas.
Perdu pour perdu, un petit peu de bruit supplémentaire, je sors la mienne (ma tondeuse) et fait quelques allers retours histoire de rafraîchir la pelouse et de lui donner un joli mouvement souple et tendance, comme chez le coiffeur.
C'est à ce moment précis que mon deuxième voisin décide de tailler sa haie, il a raison, elle en avait bien besoin. Ca aurait peut-être pu tout de même attendre un peu, vu qu'il l'a déjà taillée la semaine dernière, mais c'est un maniaque de la taille, son jardin est impeccable, alors, ça vaut bien quelque indulgence de ma part.
Ce qu'il y a de bien avec mes voisins, c'est qu'on est assez synchrones et qu'on finit tous nos petits travaux à peu près en même temps. Peut-être pourrais-je obtenir bientôt une vraie minute de silence.
En effet, le vacarme se calme soudain. Un silence attendu, béni, grandiose semble vouloir s'installer. O merveilles, o joies simples et authentiques de la campagne !
C'était sans compter sur la pintade, la nouvelle pensionnaire du troisième voisin, qui se mit à cacarder comme elle ne l'avait jamais fait, suivie de près par le coq toujours en forme et poursuivant sans états d'âme son harem agacé mais consentant, et par les cris de victoire d'une poule saluant avec insistance la naissance de son troisième gros coque du jour. Moi je vais vous dire, tant qu'elle n'a pas rejoint définitivement le décor de mon assiette, je hais la pintade, dont le cri m'insupporte et m'arrache les oreilles. Y a-t-il sur la terre un bruit plus assourdissant que celui-là ? Non, à part bien sûr les criaillements conjugués d'un troupeau de pintades. Et peut-être aussi, mes amies du Sud me l'on confirmé, d'une armée de cigales. Heureusement, ses copines ont été sacrifiées à l'autre Noël. C'est toujours ça.
L'aurai-je enfin, ma minute de silence ? Tout le monde est rentré apparemment chez soi, je me penche amoureusement vers ma plate-bande où s'épanouissent mes plus jolis spécimens. Mais mes tympans continuent à bourdonner et à me percer de mille acouphènes. Pas moyen de me concentrer, juste faire le vide, s'efforcer de ne penser à rien, vraiment à RIEN. Si je ne me plie pas rigoureusement à cet exercice, mes nerfs vont lâcher, je vais devenir folle, tout simplement.
Mais qui a dit que la campagne était un merveilleux endroit de repos, d'évasion et de méditation ? Cousteau, lui, ne s'y est pas trompé et c'est ailleurs qu'il est allé chercher son Monde du Silence.
cloclo, qui ne quitterait son petit paradis à aucun prix !