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Les jardins de Calude
23 août 2014

Le bonzaï et le samouraÏ, conte moral

Voulant grandir, un jour, un bonzaï
Rencontra par hasard un samouraï
Et lui dit : j’aurais grand plaisir
A atteindre des sommets qui m’aillent
Car j’ai tellement honte de ma taille !
Aïe aie aïe, s’écrie le samouraï
Tout ceci ne me dit rien qui vaille !
Pour être un chêne, un cèdre, un séquoïa
Il te faudrait avoir, certes de plus grands bras.
Vois, tes branches sont tout atrophiées
Et tes racines enchevêtrées
Tiennent à peine dans ce pot minuscule !
Plus petit même qu’une virgule
Un avorton, un nain, un rejeton
Voilà , hélas, ton sort et ta raison.
Que pourrais-je faire pour toi
Sinon de mon sabre fendre le bois
Et briser ta frêle vie ? Bonzaï tu es né
Bonzaï tu resteras. Plutôt la mort
Supplie le végétal, si c’est mon sort
D’être montré du doigt, moqué, tourné en ridicule
Et réduit au seul état de pédoncule,
Accomplis ton devoir et prouve ton courage,
Que ton bras en un coup détruise mes ombrages
Car ma vie ne vaut vraiment pas la peine
D’être vécue. Je ne ressens que haine
Envers ceux qui m’ont ainsi mutilé et réduit
A l’état de potiche, de nabot, de fourmi…
Tue-moi, je t’en supplie
Et tout sera fini…

S’il doit en être ainsi,
Dit le samouraï attendri
Pour mettre fin à tes souffrances
J’exécuterai la sentence
Allons, puisqu’il le faut,  
Brisons-là une vie
Inutile et miséreuse
Par un coup de lame courageuse.

Le samouraï lève le bras
Et s’apprête à trancher le bois
Du bonzaï selon sa requête
Quand soudain une dame pénètre
Dans la pièce, se saisit de son trésor
Un arbre acquis tout récemment à prix d’or,
Le bichonne, l’astique, l’arrose, le vaporise
Et n’entend pas pour l’heure lâcher prise !
Elle lui parle tout bas, l’abreuve de mots doux
A en rendre, croyez-moi, tous les maris jaloux.
Le samouraï sentant sa présence inutile
Rengaine alors son sabre et sur le champ il file
En laissant sa victime entre de bonnes mains…

Moralité : on peut être laid, petit et même nain
mais être aimé pour ses beautés cachées
le bonzaï était de ceux-là
mais semblait l’ignorer
jusqu’au jour où cette femme entra
lui prouvant que personne, pas même les bonzaïs
n’ont besoin des services du moindre samouraï !

 

Cloclo, 20/08/2014

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Commentaires
M
Ton imaginaire m'épatera toujours, chère Cloclo.
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D
Un texte très agréable à lire et qui véhicule une véritable valeur morale!
Répondre
L
une bien jolie fable !
Répondre
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