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Les jardins de Calude
18 août 2014

Hôtel (très) particulier (12)

12

 

 

-          8+8+8+88+888  = ?????

-          1000 ! Claironna Juliette

-          Je n’aurais jamais trouvé, avouai-je

-          J’aurais trouvé si j’avais eu plus de temps, dit Jacques

-          Moi aussi, dit le hibou, et puis moi je n’avais rien pour noter...

-          Toujours les bonnes excuses, dit le Comte, quand on a un pois chiche en guise de cerveau, on l’envoie rejoindre ses frères dans  la couscoussière la plus proche…

-          Sale voyou, savez-vous que je peux vous emporter tout entier dans mes serres puissantes et vous déchiqueter d’un seul coup de griffe ?

-          Essaye pour voir, espèce de grand Con d’or, prolétaire sans particules…

-          Messieurs, cessez de vous chamailler, dit Jacques, l’heure est grave et de la réponse que nous donnerons à la VOIX dépendra notre salut, allez, en route, lança-t-il en s’adressant à Juliette et moi. Et encore merci, monsieur le Comte, pour votre perspicacité !

-          Y a pas de quoi, répondit ce dernier en relevant fièrement la tête et en dressant sa queue à la verticale en signe de domination.

 

***

 

-          Alors cette énigme, vous l’avez trouvée ? Demanda la VOIX

-          Oui, dit Jacques, il faut ajouter huit à huit plus huit, puis 88, puis 888.

-          Eh bien, vous en avez mis du temps, j’ai bien failli perdre patience, vous avez de la chance d’être tombés une journée où les touristes perdus se font plus rares, sinon…

-          Merci, madame la VOIX, dit Juliette, nous  vous en sommes très reconnaissants

-          Bravo, fillette,  tu es bien polie pour une enfant de ton âge, ça fait plaisir de voir des parents qui assument encore leur rôle de parents…

-          On est là pour ça, dit fièrement Jacques, autrement à quoi servirions-nous ?

-          Tant de parents démissionnent, de nos jours !

-          Ce n’est pas notre cas, dit Jacques d’un ton sérieux

-          Je vois, je vois, bonne route à vous, conclut la voix 

-          Bon, maintenant que la route est à nouveau ouverte, que faisons-nous ? Demandai-je

-          Il faudrait déjà trouver la rivière tranquille, mais je n’entends pas couler d’eau…

-          C’est normal, dit Juliette, une rivière tranquille n’a pas de courant…

-          Pas mal observé, dit Jacques, mais on devrait au moins la voir, si on ne l’entend pas ?

-          Ici, tout est bizarre, observai-je, si ça se trouve, il n’y a pas de rivière du tout, ou elle s’est asséchée au cours des ans…

-          Bon, fions-nous à notre instinct, jusque-là, on ne s’en est pas mal sortis, non ?

-          Si on veut, mais sans l’aide de tous ces animaux…

-          Tu veux dire qu’ils sont plus malins que nous ?

-          A bien des égards oui ! Quand nous aurons éliminé toutes les espèces de notre planète, nous serons bien avancés…

-          Comme le monde serait triste sans les oiseaux, les grenouilles, et même les crapauds, les hiboux et les chauves-souris… dit Juliette

-          Ce sont eux qui nous débarrassent de tous les insectes nuisibles, mais le jour où les humains s’en chargeront, avec tous leurs pesticides et autres produits mortels, ce sera la fin du règne animal

-          Et un jour nous disparaîtrons aussi, dit Juliette, puisque nous sommes AUSSI des animaux

-          Bien vu, répondit Jacques, un jour, nous nous éliminerons nous-mêmes et ce sera la fin des haricots…

-          Tu veux dire la fin du monde ?

-          Façon de parler, dit Jacques.

 

Nous avions fait un bon kilomètre sans trouver la moindre rivière. Je devais avoir raison, les lieux-dits parfois ne correspondent à rien ou à une réalité tellement ancienne que personne n’en connaît plus l’origine. Tiens, par exemple, quelqu’un se souvient-il encore de l’origine de la rue-du-chat-qui pêche ? Ou de la rivière La femme sans tête ? Et encore de Vin-chaud, Pisse-en-l’air, Trou-gai, Bosquet-Mahaut, Tartagu et bien d’autres ?

 

-          Pourquoi ris-tu ? demanda Jacques

-          Pour rien, répondis-je, je pensais à certains lieux-dits insolites…

-          Dis, maman, pour voir

-       Concentrons-nous sur notre trajet, dis-je pour couper court, voici une bifurcation qui s’annonce là-bas, que     fait-t-on ?

-          On tire à la courte-paille, dit Jacques

-          Oui, oui, dit Juliette en arrachant deux brindilles à un petit arbre rabougri qui poussait contre un rocher, c’est moi qui fait tirer la paille, la plus courte, on va à droite, la plus longue à gauche…

-          Si tu veux, dit papa, et qui va tirer ?

-          C’est toi, dit Juliette en avançant sa main vers lui, ferme les yeux, et tire

-          C’est une lourde responsabilité, dit Jacques

-          Il faut bien que quelqu’un l’assume, et pourquoi pas toi, dis-je

-          Il faut bien un coupable, se résigna Jacques  en tirant à l'aveuglette

-          On va à droite, dit Juliette en sautillant d’un air joyeux

-          Décidément, cet enfant m’étonnera toujours, conclut Jacques

-          Tel père, telle fille, ajoutais-je en souriant

-          Comment dois-je le prendre ? Demanda Jacques

-          Comme tu veux, répondis-je en allongeant le pas pour mettre un peu de distance entre nous.

 

(à suivre)

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Commentaires
P
Elle est pleine d'allant, jeune et dynamique...Moi quand j'avais son âge !!
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E
drôlement sage, la jeune juliette ! le grand Con d’or, c'est grandiose !
Répondre
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