Des hauts et des bas

Je ne sais plus quoi ni qui écouter.

La politique me gonfle, les débats du soir me laissent au cœur un doute effroyable, je ne sais jamais de quel côté me ranger, je trouve du bon et du moins bon partout, il y a sans nul doute des tricheurs, des menteurs de tous bords, mais j’ai une sainte horreur des manichéistes, des donneurs de leçons, surtout parmi les journalistes et les gars de l’opposition ou autre, dommage, car on se marre bien quand même, parfois, ça m’évite d’aller au théâtre guignol ou à celui des Deux-Anes. Mais trop c’est trop. Je me fous des lingots cachés de l’un, des résidences secondaires de l’autre, des appartements de luxe en plein Paris et des kayacs de haute ou de moyenne mer, des comptes (ou des contes) en Suisse ou ailleurs, moi, j’enterre mes sous dans mon jardin, et quand j’en ai besoin, je les déterre, ce qui fait dire à mes voisins que je suis une bonne jardinière, vu le nombre de fois où ils me voient creuser.

Quand j’en ai marre des débats, je mets de la musique, mais la musique douce m’endort, le jazz me rase, le rap m’agace, surtout le dur, celui qui crache sa haine à la face du monde, il paraît que c’est la mode : le rap, ça doit être comme la drogue, ça ne peut pas être doux, ou alors c’est plus du rap, c’est plus de la drogue. Je vous dis ça, mais je n’ai jamais rien essayé, je hais la violence sous toutes ses formes. La pire des violences d’ailleurs, pour moi, c’est celle qui se cache sous les apparences les plus molles, les plus sirupeuses. Un jour j’ai écouté du Jack Lantier, grossière erreur de ma part, le soir même mon taux de sucre avait doublé, c’est comme Franck Mickaël, qui est le plus grand dépendeur de miroirs que je connaisse, car forcément, quand on entend ses chansons, on veut en avoir la preuve par soi-même…

L’un et l’autre m’ont valu une longue analyse dont je ne suis pas sortie complètement indemne.

J’ai failli m’inscrire à la croisière des yé-yé, mais m’obliger à contempler, même en scène et en live, les outrages du temps subis par mes concitoyens, m’a paru insupportable, si la musique adoucit les mœurs, elle n’estompe pas pour autant les rides ni les kilos surnuméraires. Age tendre et tête de bois, un titre génial en son temps, mais aujourd’hui la plus belle des antiphrases. Il est un temps dans la vie où, comme dit l’autre, les raideurs se déplacent et les cerveaux se ramollissent.

Ne tire donc pas constamment sur le pianiste, m’a dit soudain mon compagnon du jour. Et arrête de broyer du noir. La vie est belle quand on veut s’en donner la peine. Je me suis donc ressaisie, j’ai pris la vie à bras le corps, j’ai rempli ma maison de bouquets, mis des tuniques à fleurs sur des leggings orange, acheté des crèmes éclairantes, des produits amincissants, j’ai même souri à mon voisin qui m’ignore depuis que j’ai refusé ses avances. Je me suis ensuite remise au piano, et me prenant pour Hélène, l’ardente héroïne de la demi-pensionnaire, je me sentais entièrement habitée par ma musique, l’instrument m’animait, la musique me portait à bout de bras, et je plaquais mes accords aussi fort que je jouais faux. J’ai ainsi massacré avec un égal bonheur Frédéric, Amadeus et Jean-Sébastien, qui m’ont suppliée haut et fort depuis leur au-delà de cesser mes familiarités à leur endroit et de les appeler désormais par leur nom de famille, comme tout le monde . Mais je me suis bien éclatée tout de même, même si Thomas ne m’a pas demandé de faire l’amour immédiatement après, comme dans le roman de Cauwelaert.

Voilà, je ne suis guère fière de moi, la vie étant ce qu’elle est, avec son cortège de larmes et de douceurs, je ne peux guère présager de mon avenir, j’essaie d’être parfois moi-même et de m’en sortir tant bien que mal, en tout cas, il n’est pas dans mes intentions de faire des promesses que je ne pourrais tenir. D’autres savent très bien le faire à ma place.

C’est vraiment tout ce que je peux dire pour l’instant.

cloclo

Comments

[aimela]

La vie n'est pas toujours belle loin s'en faut mais essayons de garder le sourire ( je ne ris que très peu) . bises

[plumeagile02]

Comme tu dis, il y a du bon dans la vie, et je ne suis pas du genre à me laisser abattre, à chaque jour suffit sa peine, comme disait je ne sais plus qui, il faut rire de tout plutôt que d'en pleurer, alors rions un bon coup...ça fait du bien...

[Michèle]

Je vais montrer ton texte à mon mari ... il verra que je ne suis pas seule à râler contre tout... réconfortant de trouver une âme sœur....mais ne nous laissons pas abattre il reste tout de même l'amour. amitiés

[plumeagile02]

Oui, et deux ou trois petits trucs en plus, par exemple de bons amis comme vous (de moins en moins, hélas !) , heureusement, car la vie serait bien triste autrement. Et aussi du soleil, dont je suis(nous sommes, pour la plupart) en grand manque !! Bisous. cloclo

[Mony]

Ouf ! Heureusement, et pour notre grand plaisir, il te reste l'écriture.