Le LION ET LE COIFFEUR
Fritzner Lamour
Je ne vous apprends rien, chers lecteurs de tous poils
car vous devez savoir ce que je vous dévoile,
que chez nos amis lions, il y a deux écoles :
celui des longs cheveux et de la coupe au bol.
Un lion de mes amis s’en fut chez le coiffeur,
un beau coq très soigné et dont la rouge crête
grâce à des mains expertes, tenait droit sur la tête.
Le lion était jaloux, n’aimant ni sa tignasse
ni ses tifs en bataille à la nature grasse,
il enviait notre coq, élégant et bien mis,
n’ayant besoin jamais d’aucune mise en plis.
Bien calé sur sa chaise, le grand fauve s’agite
et prie notre barbier d’opérer au plus vite
une coupe sévère, arguant que c’est sa femme
qui, avec insistance, un changement réclame
et qu’elle en a assez de sa rousse crinière
qui l’oblige à guetter ses victimes à travers
une jungle de poils, et pour cette raison
rapporte moins de gibier ensuite à la maison.
Pas de souci, répond notre aimable coiffeur,
vous serez bien coiffé dans un petit quart-heure ;
attendez un instant, j’affute mes ciseaux
le résultat pour vous n’en sera que plus beau !
Notre coq sans répit, coupe, tranche et effile,
oh ! Ce ne fut pour lui une tâche facile,
il n’avait jusque-là jamais eu de clients
qui eût pareille chevelure et aussi tant
et tant sur le crâne de si vilains d’épis,
si bien qu’au bout du compte, il avait rasé tout
il ne restait plus rien sur le noble caillou !
Le coq persévérant mais aussi de dépit
sa mission accomplie, dit à la fière bête :
c’est bon pour cette fois, mais pour vous être honnête
foi de vrai figaro, vous semblez ridicule
alors le lion, furieux, d’un bond se lève et hurle
mais le coiffeur prudent, prévoyant sa retraite
avait déjà bondi, en redressant sa crête
qui virait au violet. Le lion désemparé
se sauva tout penaud, en baissant bien le nez
et chez notre coiffeur, ne remit plus les pieds.
Cloclo, 27/03/2013