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Les jardins de Calude
18 septembre 2014

LA CLÉ DU MYSTERE

 

clés01

 

 

Difficile pour moi de sortir de mon contexte, car, à la vérité, je n’en ai pas un mais des multitudes. Bon, si on admet que mon contexte officiel se trouve à l’entrée, dans la petite armoire destinée à me recevoir, accrochée sagement à mon crochet habituel, là je reconnais qu’on peut estimer me voir évoluer dans mon univers personnel.

Mais le propre d’un objet de mon acabit n’est-t-il pas de se balader dans toutes sortes d’endroits, les plus insolites et les plus improbables soient-ils ? Je vous en fais une rapide énumération : la table basse du salon, le tiroir du bureau, la poche du dernier veston endossé, sous le lit, sous le tapis arrière de la voiture, dans le sac de Janine (qui a pourtant son propre trousseau !) , sur le palier de la porte, dans la pelouse au fond du jardin (de préférence non tondue), et même une fois dans la poubelle et une autre dans la gueule du chien. Ah ! L’animal, ce qu’il m’a fait mal ! J’en porte encore les traces sur ma peau qui est pourtant coriace.

Non, aujourd’hui, puisqu’on est entre nous, je  peux vous dire en toute confidence où je suis, mais ne le répétez à personne. On va bien rire quand Benoît va s’en apercevoir. J’étais bien tranquillement en train de dormir dans sa poche gauche, et je l’ai entendu dire distinctement au téléphone : chérie, je rentrerai un peu plus tard ce soir, j’ai un dossier à finir (l’argument-bateau, certes, mais qui est encore admis en France et ailleurs par beaucoup de ménagères innocentes et toujours très éprises de leur mari). Benoît a raccroché, a fermé la porte de son bureau à double tour et a rejoint comme tous les jeudis Muriel, la grande rousse embauchée l’année dernière et dont une des qualités (parmi tant d’autres dont je m’abstiendrai ici de faire la hiérarchie)  est d’être une parfaite secrétaire.

J’aime bien aller chez elle, c’est soft, c’est cosy, c’est reposant. Quand il arrive chez elle, il ne me jette pas violemment sur la table comme il le fait à la maison, non, il me pose délicatement dans un petit écrin de velours prévu à cet effet et me reprend de la même manière une fois ses petites affaires terminées. C’est mon moment de repos, de relaxe, de bien-être, une sorte de thérapie extra-conjugale, en quelque sorte. Et puis ce soir, je ne sais pas ce qui s’est passé, il était pressé de la revoir, ou fatigué de sa journée, il m’a déposé à la cuisine,  entre le micro-ondes et le toaster. J’ai tout de suite senti la différence, j’avais mal aux reins, au dos, si j’avais pu crier, je l’aurais fait, cela lui aurait permis entre autres de me localiser plus facilement.

Au bout d’une petite heure, j’ai entendu des claquements de porte, des smacs en veux-tu en voilà et des à demain mon roudoudou et tout le reste. Benoît est un être raffiné, délicat,  sentimental,  enfin ici. Chez lui, il s’affale épuisé en arrivant, lance ses chaussures à l’autre bout de la pièce,  rote un bon coup, fume une clope, lance ses ordres tous azimuts,et ouvre la télé pour les infos. Janine, c’est une sainte femme, elle ne se rebelle jamais, elle est encore à la vieille école, servir son mari, lui épargner la lourde fatigue qui consiste à faire 10 mètres pour chercher du sel à la cuisine ; elle lui repasse ses chemises et lui ajuste sa cravate le matin pour qu’il soit impec pour aller au boulot et retrouver sa belle. Janine a toutes les qualités, sauf, hélas, le sex-appeal de Muriel.

On va bien rire tout à l’heure quand il va s’apercevoir de son oubli. C’est qu’à cette heure-ci, Gaston, le vigoureux videur de salles qui tient lieu  de mari à Muriel sera sans doute rentré, ça nous promet une belle scène de boulevard, j’espère que Benoît n’en sortira pas trop amoché. J’attends la suite, car je ne voudrais pas que cette belle idylle s’achève dans un bain de sang, je les aime trop, tous les deux,  et ces petites séances hebdomadaires me font tellement de bien…

 

©cloclo

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Commentaires
M
C'est la clé du dénouement en quelque sorte ?
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