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Les jardins de Calude
22 janvier 2013

Le syndrome de la maladie sournoise

hommecanap_

 

Papa est atteint d’une étrange maladie, il paraît, selon le docteur, qu’elle n’est pas vraiment rare, surtout chez les Messieurs, mais comme les symptômes sont assez diversifiés, et varient selon les individus, on ne la reconnaît pas au premier abord. Les spécialistes l’appellent,  je crois, le syndrome de la maladie sournoise, qui immobilise ces patients et les empêche généralement de poursuivre leurs activités, surtout à la maison. Les premiers signes apparaissent principalement le soir, au retour du travail, et se traduisent par une fatigue soudaine et anormale, le malade a du mal à garder la station debout, à cause d’une sorte d’engourdissement douloureux envahissant progressivement les membres, d’abord inférieurs, (d’où la nécessité absolue de se caler dans le canapé et de ne plus en bouger), puis, dans les cas les plus sérieux, les membres supérieurs, avec une propension certaine pour les maladresses, voire les tremblements, qui privent ces malades du plaisir de débarrasser la table ou de plonger leurs mains dans l’eau de vaisselle. Si la maladie n’est pas traitée à temps, il peut surgir de graves complications, notamment au niveau du dos et des lombaires, qui empêche radicalement le malade de se baisser pour ramasser un objet ou déposer le moindre bol ou la moindre petite assiette dans le lave-vaisselle.

Dans 40 % des cas, selon la faculté, et 20% selon le ministère de la famille, dirigé de main de maître par un homme, la forme la plus grave du syndrome de la maladie sournoise, est celle qui atteint la plante des pieds et même le pied tout entier. Les symptômes en sont toujours les mêmes : le malade ressent de grandes contractions dans les pieds, suivies d’une sensation de froid intense, ce qui l’oblige à demander à son plus jeune enfant (ravi de le faire) d’aller lui chercher ses charentaises sous le radiateur. Ajoutons que dans les-cas extrêmes, il est recommandé aux familles d’avoir plusieurs enfants, au cas où le premier sollicité ne répondrait pas positivement à sa demande.

 Il est à noter également que cette maladie s’accompagne souvent de réels symptômes psychologiques : le malade a l’impression de ne pas être aimé, ni compris, voire rejeté par son entourage. Il supporte mal toute cette agitation qui se fait autour de lui, alors que dans son état, il aurait besoin de calme et de grand repos, surtout pour étudier les dernières nouvelles du journal, ou pour écouter tranquillement les résultats du tiercé. On dirait que toute la famille s’est liguée contre lui pour remuer les casseroles, agiter les couverts, maintenir la porte de la cuisine ouverte, et laisser brailler le petit dernier. Le pic de la maladie atteint son apogée vers 20 heures, heure du repas, ensuite on observe une accalmie jusqu’à un apaisement total vers les 23 heures, heure où Monsieur regagne sa chambre.

Y at-il un remède à cette maladie sournoise ? Nous avons interrogé le docteur Mabuse, spécialiste de la question. C’est une maladie de société qui ne cesse d’envahir nos foyers, a-t-il répondu, à ceci point de remède, c’est une maladie endémique dont les formes varient avec la composition du foyer. Elles peuvent varier aussi avec le nombre d’enfants, celui-ci décuplant souvent l’ampleur du mal. La thérapie conseillée : réhabituer petit à petit les membres atteints à un plus grande exercice, rééduquer les pieds et les mains par des exercices simples et quotidiens, débarrasser le malade de ses phobies premières, par exemple le réhabituer progressivement à redécouvrir la cuisine et ses habitants sans être pris de stress et d’angoisse. Dans les cas les plus graves, supprimer un temps la corvée de poubelles peut aussi accélérer la guérison. De même que la lecture du soir au petit dernier, surtout s’il dort à l’étage. C’est un peu à chacun de savoir doser ses efforts et d’adapter sa propre thérapie.

J’ai bon espoir de voir bientôt mon papa guéri et de le voir partager enfin avec nous toutes les grandes joies et aussi toutes les petites contraintes qu’implique la vie de famille.

 

cloclo, Impromptus littéraires, 22 janvier 2013

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Commentaires
L
J'avoue, que parfois, on a envie de ressembler au grand malade en question. L'épouse qui travaille aux heures des repas des cinq enfants, leurs devoirs, douches ou bains, petites disputes et grandes fâcheries, l'histoire au petit dernier qui s'endort, épuisé, sur la moquette. Je crois que je vais demander à mon épouse de sortir la poubelle lorsqu'elle rentrera. Moi je vais me coucher!
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L
Bonjour,<br /> <br /> J'ai éclaté de rire, car j'ai eu soudain, en ouvrant cette page, l'impression que mon écran était devenu ... miroir ... !<br /> <br /> LOIC
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M
Sourire !
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