VALENTIN

Si tu m’avais dit, Valentin
qu’aujourd’hui c’était bien ta fête
mon Dieu, où avais-je la tête
j’ai oublié ce fameux jour
où il n’est question que d’amour
et je ne t’ai rien acheté
pas même tes bonbons préférés
de ton côté si je n’m’abuse
tu as omis ce qui amuse
tant d’amoureux en mal de preuves
et qui confondent chaussures neuves
avec l’amour au quotidien
ceux qui se contentent d’un rien
pourvu qu’on rallume leur flamme
moi je n’en fais pas un drame
Dieu merci j’ai trois cent soixante
quatre jours pour remonter la pente
te prouver qu’on peut être heureux
autrement qu’en  repas coûteux
et que mes dessous de dentelle
valent bien dîner aux chandelles !

J’ai exhumé, mon Valentin
les beaux couverts et la vaisselle
qu’on ne sort que pour les Noël
A Pâques et lorsque ta mère vient
j’ai cuisiné un beau gratin
et cuit je sais que t’aimes bien
des pommes au four avec du miel
j’ai mis la nappe des grands jours
pour te redire mon amour
puis allumé quelques bougies
un peu de papier d’Arménie
histoire de faire plus intime
puis j’ai filé de la cuisine
pour me refaire une beauté
puis enfilé mes bas coquins
ceux qui me font les mollets fins
un peu de noir, de crayon mine
et retouché mon fond de teint
puis j’t'ai attendu, Valentin.

Si tu m’avais dit Valentin
que ce soir j’attendrais en vain
le doux moment de ton retour
bien sûr que j’ai assez d’humour
pour ne pas en faire une histoire
et pour faire semblant de croire
qu’y avait du monde sur l’autoroute
je sais qu'il faut et tu t’en doutes
pour vivre à l’aise faire des heures sup
mais je ne suis pas vraiment dupe
et si tu n’reviens pas ce soir
je remettrai dans les tiroirs
les belles fourchettes en argent
que j’avais sorties spécialement
la nappe les verres  les bougeoirs
je troquerai mes accessoires
contre ma veste de pilou
celle que tu détestes, mon chou…

Pour sûr que ça fait moins sexy
mais pour attraper un taxi
Ce s’ra plus chaud et confortable
par ces temps froids et déplorables
tu comprendras, mon Valentin
que sans toi je ne suis plus rien
ou pas grand-chose, mais grâce à toi
j’ai réalisé bien des choses
que vivre à deux c’est pas tout rose
enfin pas toujours, j’ai laissé,
amour, le chauffage allumé
le plat de gratin est au chaud
et les pommes sont dans le frigo
non, tu ne mourras pas de faim
surtout ne m’attends pas demain
ni les jours qui suivront, et peut-être
tous les autres, allez, bonne fête,
tout de même, mon VALENTIN !

cloclo