La chronique du jour : mes amours virtuelles
C’est fou le nombre de personnes qui peuvent m’aimer sur le net. Contrairement à la vie où j’ai, comme tout le monde, un nombre restreint d’amis fidèles, ici, ils font nombre, sans que j’aie vraiment eu besoin de les solliciter ! La preuve, qui me souhaite ma fête avant tout le monde et mon anniversaire idem ? Le net ! Qui m’envoie des mails bouleversants pour me dire que je ne leur ai pas écrit depuis longtemps, qui me propose gentiment ses services en cas de maladie ou pire, de mort ? Le net !
Chacun y va de son bon conseil, vous êtes encore jeune et belle, mais on n’est jamais assez prévoyant, prenez une assurance Obsèques auprès de nos services, vous ne serez pas déçue (comment pourrais-je l’être, puisque je ne serai plus là pour vérifier la conformité des prestations ! ) Et pour m’obliger à culpabiliser un peu : vous n’allez tout de même pas faire payer vos pauvres enfants qui ont parfois du mal à joindre les deux bouts ! Ceci dit, nos enfants chéris, nous les avons nourris, logés ,blanchis, pendant plus de 20 ans, à ce prix là, ils pourraient me payer un enterrement de première classe , mais je n’en demande pas tant. Autre avantage pour eux : plus besoin d'interrompre leurs vacances aux Caraïbes, leur présence ne sera plus obligatoire. Epatant, non ?
J’ai reçu ce matin un mail déchirant : j’en ai encore les larmes aux yeux. Le titre : cloclo540 (c’est mon pseudo sur un autre site), nous étions si bien ensemble ! Vous n’êtes pas venue sur P.M. depuis longtemps. Et il faut le dire, vous commencez à nous manquer. Ai-je seulement entendu UNE fois dans ma vraie vie ce genre de déclaration ? Jusqu’ici, je pensais ne manquer à personne et voilà que ma journée s’éclaire, grâce à cette évidence !!
Je reçois aussi ce genre de message très flatteur : cloclo, votre profil plaît. Mais à qui, grands dieux ? J’aimerais bien savoir. Il ne suffit pas de plaire, il faut aussi concrétiser de temps en temps. Mais le mystère continue à planer, je sais que le plais, mais je ne sais pas à qui.
Encore une preuve qu’on s’intéresse à moi à l’approche de l’été : cet été, ne partez pas avec vos kilos en trop ! Sage conseil et délicate attention, je pense que je vais les laisser à la maison, dans une poubelle ou au fond du jardin, je ne sais pas encore, je vais y réfléchir. Ca allégera la charge de la voiture et évitera l’usure prématurée des pneus.
On se propose aussi de m’habiller selon ma morphologie, ça s’appelle la morpho-mode, au cas où je ne connaîtrais que le sac à patates ! Etes vous mince, pulpeuse, ou ronde ? J’hésite entre les deux dernières, celle du milieu me plairait bien, mais comment savoir, personne ne m’a jamais dit que j’étais pulpeuse ! Même mes excellents amis du net n’ont pas encore osé l’image.
Que dire des promos qu’on me réserve, toutes plus alléchantes les unes que les autres, pour pouvoir en profiter, il faudrait que je sois DSK ou la reine d’Angleterre ! J’ai remarqué que dans le domaine de la pub, le vocabulaire lui-même change, il y a des jours-passion pour faire ses achats, les promos ne sont plus uniques, extraordinaires, sensationnelles, exceptionnelles, non, elles sont chaudes et même brûlantes : « une promo brûlante dans cet Email » S’il faut se mettre des maniques aux mains pour les ouvrir, où allons-nous ?
Demain, c’est fini, ne veut pas dire que mon correspondant m’annonce qu’il me quitte, mais simplement, que j’aurai manqué une merveilleuse occasion de dépenser de l’argent pour un article dont je n’aurais, de toute manière, pas eu l’usage. Une façon de vouloir m’imposer un regret que j’aurais seulement eu après l’achat du produit. Vous me suivez ?
Je sais que l’actualité est brûlante, mais tout de même. Arrêtez, Messieurs, de me faire autant de propositions déloyales, je ne sais plus où donner de la tête et vos compliments altèrent considérablement ma modestie naturelle. Cessez de me harceler jour et nuit , je dirais plutôt de nuit, car pendant que je dors, je sais que vous inondez ma boîte de vos belles preuves d’amour, que je m’empresserai de détruire à mon réveil, grâce à l’indispensable touche suppr.
A ce niveau, ce n’est plus de l’amour, c’est du harcèlement !
Je ne parle pas des harcèlements téléphoniques dont je suis la cible quotidiennement, mais ceci pourra faire l’objet d’une autre chronique.
cloclo