APAISEMENT
Jamais plus le même regard
en sa chaude intensité,
jamais plus, sous la paille tressée,
le pouvoir infini des choses qu’il observe,
ni le bleu de ses rêves,
ni l’or pur des soleils,
ni l’angoisse des pas
feutrés dans les taillis,
ni la lueur des feux,
ni les claquements d’armes,
juste les murs grisâtres des destins implacables.
Encore quelques rancunes,
des espoirs incomplets,
des souvenirs diffus,
des vies inaccomplies,
mais un vieux cœur qui bat
au rythme lent de l’eau
et la vague qui meurt,
qui meurt si doucement ,
emportant sans regret toutes les peurs enfouies.
Voici l’heure où la barque,
bercée par ses roulis,
abolit les combats,
disperse les affûts,
oublie ses dîen bîen phû,
désarme le soldat,
ravive les regards,
ravie pour une fois d’être arrivée à bon port.
cloclo, Impromptus, 23 mars 2011