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Les jardins de Calude
20 février 2010

TIRE L'AIGUILLE, MA FILLE...

fille_cousant

Jour de pluie. Temps maussade et gris. Pas question de sortir. Pourtant, c'est jeudi. Il n'y aura ni balançoire,  ni partie de ballon, ni de cache-cache. Sors plutôt ton ouvrage, dit ma mère. Je fais la grimace. Je m'avance à pas lents vers la "travailleuse", en soulève mollement le couvercle, extirpe nonchalamment la pelote d'aiguilles, choisis la plus grosse. Lorsque j'ai enfin retrouvé le bon écheveau de coton, enchevêtré au milieu des autres, je le débobine sur la plus grande longueur qui me soit possible, le coupe à l'aide des petits ciseaux à bouts toujours très affutés, et entreprends la phase la plus délicate  dans ce genre d'exercice : enfiler l'extrémité du fil dans le chas de l'aiguille. Cette opération me prend bien un quart d'heure, c'est toujours ça de gagné sur le temps global consacré à ce travail que j'exècre.

Allume donc la veilleuse, tu y verras mieux, dit ma mère. Surtout pas, ça risquerait de précipiter les choses. Elle m'a donné un autre petit truc pour gagner du temps : placer l'aiguille devant une surface blanche, afin de mieux en distinguer l'ouverture. Je fais mine d'obéir, mais dès qu'elle claque les talons, je me renfrogne dans le coin le plus sombre de la pièce et je poursuis mon travail de sape. Puis sors à contre-coeur le bout de toile informe sur lequel j'ai commencé un début de broderie. Ca s'appelle du point de croix, il faut croiser les points, comme son nom l'indique, c'est assommant et répétitif, je tire l'aiguille à la vitesse d'un bon ralenti, et comme mon fil est démesurément long, il me faut un certain temps entre chaque point.

C'est aussi un exercice dangereux, car à chaque fois, si je n'y prends garde, je risque de me piquer le menton, je me donne déjà assez  de coups d'aiguille sur les doigts . Mets ton dé, dit ma mère, j'obtempère, mais dès qu'elle a le dos tourné, j'enlève cet affreux accessoire qui me fait l'effet d'une prothèse !

Parfois aussi, au passage du trou dans la toile, le fil se bloque, je tire de toutes mes forces et le canevas prend alors des airs froissés. Le chat qu'il est censé représenter semble m'adresser des sourires narquois, et avec tous ces reliefs involontaires, on dirait qu'il il fait le gros dos,  le résultat est assez surprenant, mais très original ! Je pouffe dans mon coin, mais, en revanche, je ne sais pas si ma mère va apprécier !

La voilà qui revient pour voir où j'en suis, je n'ai pas progressé d'un yota, elle se penche sur mon chef-d'oeuvre, ricane mais pour d'autres raisons, aperçoit mon aiguille garnie d'un fil d'une longueur interminable et me lance   : la prochaine fois, quand tu voudras faire du bon travail, tu t'abstiendras de faire ces aiguillées de paresseuse !!!

 

cloclo, ( souvenir personnel de l'expression entendue à la maison et très justifiée d'ailleurs )

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Commentaires
J
Au lycée, nous avions 1h de couture par semaine..(1960 environ..) J'étais tellement maladroite que la prof me regardait, consternée " à cause de vos notes en couture, votre moyenne va baisser, et vous perdrez encore le tableau d'honneur.." Alors, elle regardait ailleurs quand, les jours d'examens, on avait un surjet, ou, pire, une boutonnière à faire..J'avais fait un deal avec une copine : je rédigeais ses compositions de français, elle cousait à ma place.A la fin de ma scolarité, ma moyenne était meilleure..et la prof m'a dit" je ne vous oublierai jamais, mm si j'oublie bcp de mes élèves..Je n'ai jamais vu qq'un d'aussi maladroit -malgré votre application"<br /> Aujourd'hui, j'ai 64 ans et je ne couds jamais : mon mari le fait pour moi....! Ce souvenir me fait tj sourire...<br /> Bises<br /> Jamila
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R
La scène est criante de vérité , qui n'a pas fait des aiguillées de paresseuse!!!et quelle mère ou grand-mère ne vous l'a reproché ? J'aimerais bien que mes petites filles fassent des aiguillées de paresseuses ou pas, mais elles ne font rien du tout...hélas! Bises Roselyne.
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P
Moi aussi, il m'est arrivé une aventure à peu près similaire, c'est ce qui m'a valu ma seule colle de ma scolarité, j'étais nulle en couture et un jour j'ai "emprunté" la pièce de couture de ma voisine pour la coller sur mon cahier (un cahier semblable à celui que tu décris) Evidemment,la prof a tout de suite reconnu la pièce, et surtout compris que je ne pouvais pas faire un travail aussi parfait! Résultat, quatre heures de colle, ce qui était tout à fait mérité. Mais je n'en suis pas traumatisée pour autant, je n'étais pas fière sur le moment pour l'annoncer à mes parents, mais maintenant, j'en ris bien et en parle en m'amusant. Bon week-end à toi, je suppose bien ocupé ! cloclo
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J
Cela me rappelle un souvenir de collégienne:à l'époque,nous avions au collège Chopin des cours de couture.J'étais d'une extrême maladresse et maman (qui ne m'a peut-être pas rendu-service) m'aidait le dimanche soir à terminer mes "pièces" (des échantillons de toile sur lesquels on devait exécuter différentes sortes de points)et qu'on collait ensuite dans un cahier à couverture jaune .J'arrivais donc chaque lundi avec mon cahier à jour.Pourtant à la fin du trimestre,j'ai eu....zéro en couture ! En fait,nous devions sortir le cahier jaune au début du cours,le déposer au coin du bureau et notre chère professeure le ramassait au moment de la sortie.Pendant un trimestre je n'ai pas sorti le cahier,je l'ai laissé dans mon cartable....J'avais l'excuse d'être jeune,trop jeune peut-être (10 ans et 3 mois) mais ce souvenir de ma distraction ,de mon manque de conscience professionnelle reste encore cuisant..Bon week-end (nous repartons à Nancy)Bises.jacqueline
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