PAR UN MATIN TRES ORDINAIRE
Velléité de l'air
et journée sans critères,
battements d'ailes sur le chéneau,
ciel nickel et sans nuages,
s'étirant, paresseux,
aux confins des deux hémisphères,
quelques volets qui claquent,
quelques douloureux réveils,
pas bousculés dans les chaumières,
appel du coq à son harem,
tremper un dernier "chocorem",
là, de blancs rideaux qui s'écartent,
des hommes qui se carapatent,
baiser furtif sur le palier,
plus le temps de s'éterniser,
mais un moteur qui s'époumonne,
un gentil mari qui klaxonne,
et elle lui hurlant : "je t'aime"
un motard fou qui redémarre,
un écolier (toujours le même)
une fois de plus en retard...
Energies toutes retenues,
car le grand calme est revenu,
café fumant dans la cuisine,
le bonheur s'étale en tartines,
largo très lent des sonatines,
la voix berceuse et métallique,
là-haut, d'une boîte à musique,
un bébé rose qui s'éveille,
autant de stress mis en sommeil,
l'enfant, lui, à son alphabet,
et l'artiste à son chevalet
croquant de son mieux le printemps,
deux petits vieux seuls sur un banc,
c'est la vie qui reprend son souffle,
et c'est la vie pédale douce,
qui retient, mais jamais ne repousse
ses permanences et ses ancrages,
et ses temps d'arrêt sur image :
pause avant que ne s'affairent
à nouveau tant de ménagères,
par un matin très ordinaire...
cloclo