LE JARDIN DE MES REVES
Je connais un jardin de rêve
où les blancs liserons prospèrent
et font souvent la courte échelle
aux éclatantes capucines,
dans des talus en cascatelles
débordent et se déversent en pluie
les lavis et les frais arômes
des pavots, de la clématite,
du lotier, de la campanule,
tandis que la fière épilobe
bien juchée sur ses hauts talons
fait un grand tour de l'horizon...
L'aube se lève, le tournesol
fait révérence au jour naissant,
toisant la sauge et le zinnia
il se targue de ses éclats,
mais le souci qui n'en a cure
s'endort à l'ombre du grand mur...
Monsieur Glaïeul prend la relève
en riant d'un rire sonore,
la potentille, le bouton d'or,
loin de lui montrer profil bas,
font un pied-de-nez ironique
à la persane véronique,
le datura n'a pas sa place
où il fleurit, il est tenace
et fait par trop règner sa loi,
là où il croît, je le remplace
par les arums, les tigridias,
la rose est là, toujours fidèle,
craignant de se faire oublier,
me parle en codes parfumés,
tandis que la trop rare abeille
butine en pensant à son miel...
Je connais un jardin de rêve
où chaque essence m'émerveille
familières ou inconnues,
chaque jour j'attends leur venue,
là, c'est un vert bourgeon qui perce
ici s'entrouvre un fin pétale,
quand l'un meurt l'autre le remplace...
C'est un jardin presque éternel
où le chagrin n'a pas sa place,
mes fleurs, c'est comme mes enfants,
je les chéris, je les dorlote
je les arrose, je les marcote,
pour que demain d'autres fleurissent
dans le jardin de mes délices.
bises caniculaires...