La joconde blonde

Il me trouvait canon, disait que j’avais un beau chassis, surtout pas taillée au couteau,  m’appelait son œuvre d’art, sa blonde Mona Lisa. Mon destin était donc tout tracé, il brossait de moi un portrait tout à mon avantage, tout en nuances. La palette de ses sentiments à mon égard était infinie. Moi, je trouvais qu’il forçait un peu le trait, qu’il en rajoutait des couches, mais bon, si ça l’amusait…

Tout le monde m’adulait, faisait la queue devant sa porte pour pouvoir m’admirer. Mais lui protégeait mon image, m’enfermait dans sa bulle, interdisait que l’on me touche, de peur de me voir  dégradée. Il me répétait que j’étais à croquer et moi, bien sûr, je le croyais. Et puis un jour où il était d’humeur sanguine, comme ça, sans motif, il m’a avoué ne plus pouvoir m’encadrer, pis, qu'il ne pouvait plus me voir en peinture, me traitant de pâle ébauche, de nature morte, me trouvant moins joconde, critiquant  mes empâtements et mes sourires crispés. Sur le coup j’ai pâli, puis je me suis décomposée, j’ai ravalé ma haine, me suis mise à raser les murs, mais plutôt que d’être remisée au grenier, j’ai fui sa présence pour éviter le triste sort qui se dessinait pour moi désormais.

Mais il m’a rattrapée et avec une pointe sèche dans la voix, m’a traitée de faussaire, m’a accusée d’avoir dénaturé sa toile, m’affirmant que je ne valais plus un clou. Depuis, j’en vois de toutes les couleurs, pendue à mon désespoir, sans perspective d’avenir, mais en tentant encore de faire bonne figure. Personne ne vient plus me voir, je sens que je vais décrocher...A moins que…

Demain, c’est promis, je me teins en brune, j’aurai peut-être plus de succès…

cloclo

Comments

[plumeagile02]

oui, c'est ce qu'il me semble !

[Mony]

Pas de tracas, elle en aura du succès !