La musique des mots
La musique des mots, c’est un troublant orchestre
que l’on ouït parfois au mitan de la pluie,
ce sont des mots qui fouettent, qui cinglent et qui dérangent
ce ne sont pas des mots signés de plume d’ange,
les sons se frottent, s’affrontent et se dispersent
restera le meilleur quand cessera l’averse,
resteront les plains chants, les tables d’harmonie,
la force des images, le flux des métaphores,
l’imprévu des figures et des allégories,
ou bien le mot charmant, vieilli ou désuet,
mais qui bien entouré donne l’ accord parfait,
la musique des mots qui coulent en arpèges,
c’est le prélude ouvert à tous les sortilèges,
c’est la harpe du vent qui confie au poète
ses plaintes, ses douleurs et ses épanchements,
la musique des mots c’est aussi la cadence
d’un rythme soutenu, d’une phrase qui danse,
de tempos relevés de bémols et de dièses,
d’éclats de di-amants que sont les diérèses
où la parole tient juste un rôle second,
quand la phrase s’envole, que les mots se déplient
portés par un élan qui parfois devient transe…
La musique des mots, c’est enfin le silence,
un murmure discret entre les interlignes,
une brise légère caressant chaque rime,
un souffle qui retient , pour nous, à chaque instant,
les pudeurs, les trop pleins, les points de suspension…
Tout est fait de nuances, et dans le moindre signe
elle résonne encore, le poème fini,
cette musique au cœur, qui longtemps nous poursuit,
comme un petit secret qu’on ne dit à personne
comme à l’oreille un mot qui perdure et résonne,
qu’on ne partage pas et qu’on n’oublie jamais.
Cloclo, 18 avril 2012