A MA MERE
Les années ont passé ainsi que les saisons
et
mes yeux ont pleuré pour bien d'autres raisons
là-bas est ta demeure, et ta
prison dernière
où sans fin tu attends sans plus savoir
comment
ni pourquoi tu es là, ni à quoi servent les
jours...
Au pays de sagesse, j'ai construit ma maison
où coule lentement le
ruisseau Souvenir
je vais de l'une à l'autre, en enjambant le pont
d'un
bond vers nos hiers, je remonte le temps.
Je me vois, radieuse, au retour du marché
j'entends rire nos pas, sous
nos regards complices,
échangeant nos baisers sur nos peaux encore
lisses,
grimpant sur tes genoux, à t'écouter chanter
et la vie pour
nous trois était tellement douce...
En repassant le pont, je te vois dans ton lit Tu m'as peut-être un jour demandé un peu trop,
que depuis cette année tu ne quittes plus guère,
ton regard est si clair qu'on peut lire au
travers,
tes lèvres se sont closes, par instants tu souris,
alors mon coeur éclate comme en un paradis.
je t'ai déçue parfois, tu ne m'as pas bien comprise,
mais mettons de côté
ces riens qui nous enlisent :
un jour se guériront les blessures
d'enfance.
Raconte-moi nos rires et nos matins de fête, maman, s'il te plaît, comprends qu'il y a urgence
:
nos moments de colère, nos
explosions de joie,
nos petits différends, nos plaisirs d' autrefois
quand
le soleil, l'amour, rayonnaient sur nos têtes
aide-moi à mettre des mots sur tes silences...
cloclo, 15 mai 2010
(poème inspiré par ma dernière visite , passage toujours douloureux quand les paroles ne servent plus à grand chose, il faut trouver d'autres substituts pour communiquer...)