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Les jardins de Calude
15 mai 2010

A MA MERE

claude6ans025

Les années ont passé ainsi que les saisons
et mes yeux ont pleuré  pour bien d'autres raisons
là-bas est ta demeure, et ta prison dernière
où sans fin tu attends  sans plus savoir comment
ni pourquoi tu es là, ni à quoi servent les jours...

Au pays de sagesse, j'ai construit ma maison
où coule lentement le ruisseau Souvenir
je vais de l'une à l'autre, en enjambant le pont
d'un bond vers nos hiers, je remonte le temps.

Je me vois, radieuse, au retour du marché
j'entends rire nos pas, sous nos regards complices,
échangeant nos baisers sur nos peaux encore lisses,
grimpant sur tes genoux, à t'écouter chanter
et la vie pour nous trois était tellement douce...

En repassant le pont, je te vois dans ton lit
que depuis cette année tu ne quittes plus guère,
ton regard est si clair qu'on peut lire au travers,
tes lèvres se sont closes, par instants tu souris,
alors mon coeur éclate comme en un paradis.

Tu m'as peut-être un jour demandé un peu trop,
je t'ai déçue parfois, tu ne m'as pas bien comprise,
mais mettons de côté ces riens qui nous enlisent :
un jour se guériront les blessures d'enfance.

Raconte-moi nos rires et nos matins de fête,
nos moments de colère, nos explosions de joie,
nos petits différends, nos plaisirs d' autrefois
quand le soleil, l'amour, rayonnaient sur nos têtes

maman, s'il te plaît, comprends qu'il y a urgence :
aide-moi à mettre des mots sur tes silences...

 

cloclo, 15 mai 2010

(poème inspiré par ma dernière visite , passage toujours douloureux quand les paroles ne servent plus à grand chose, il faut trouver d'autres substituts pour communiquer...)

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Commentaires
P
Quel beau témoignage de ta part, Martine, tu en parles avec beaucoup de pudeur, et on sent tout ton amour pour celle que tu n'as pas eu le temps de connaître suffisamment, mais qui reste dans ton coeur pour la vie. L'amour ne se mesure pas au nombre d'années, mais à son intensité et je crois que dans ton cas, ton coeur en est encore plein et même en déborde. C'est cela l'essentiel. Bises à toi et que cette journée te soit douce et belle. cloclo
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A
Je commençais un peu à connaître ma mère de "l'extérieur" lorsqu'elle est décédée à 42 ans, je n'ai jamais pu lui dire que je l'aimais. J'ai culpabilisé longtemps. Maintenant, mon esprit est au calme la concernant et je la chéris au plus profond de mon cœur. Bises
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P
Oui, j'ai un peu pensé à toi et à ce que tu as traversé encore récemment, il n'est jamais trop tard pour dire à quelqu'un qu'on l'aime, même si tu n'as pas l'impression qu'elle t'aie entendue et comprise, moi, je crois que le message est passé, les ondes sont plus perceptibles que l'on pense et si elle n'a pas tout saisi de tes paroles, elle a entendu ta voix, vu ton regard et senti ta présence. Ca, c'est un vrai cadeau. On ne doit pas avoir de remords du passé, la personne humaine est imparfaite, Dieu merci, et chacun a ses faiblesses et ses lacunes. C'est vrai que le sourire est pour nous, les aidants, un petit miracle en soi que nous recevons avec beaucoup de joie et de tendresse. Je souhaite que beaucoup de gens, dans notre cas, ait le courage et le bonheur de partager ces moments irremplaçables. Bises et bon dimanche. le soleil revient !! cloclo
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J
Très beau,très émouvant...Avant qu'elle ne sombre dans l'inconscience,avant qu'elle ne parte définitivement,j'ai pu dire à l'oreille de maman ce qui me paraissait essentiel alors:"merci pour tout,pardon du mal que j'ai pu te faire et je t'aime".Elle n'a pas réagi ,n'a pas serré ma main:elle était déjà trop faible,trop loin...Mais un soir quand submergée par une douloureuse (et tardive ?)tendresse,je lui ai dit "je t'aime comme je ne t'ai jamais aimée",elle a manifesté sa joie et m'a dédié un sourire lumineux qui m'aide ,maintenant qu'elle n'est plus avec nous,à surmonter (un peu )mon chagrin,à chasser (un peu)mes regrets,mes remords...Ton poème est une très belle déclaration d'amour .Merci,Cloclo pour ce moment d'émotion rare.Bises.Jacqueline
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P
Oui, la douleur vient non pas de l'état de vieillesse, étape inéluctable, mais le fait de l'incommunicabilité entre les êtres, quand l'un n'a plus les mots ni le pouvoir d'exprimer ses pensées, alors qu'on aurait encore tant de choses à se dire. C'est cela le vrai drame, surtout quand on se sent impuissant à changer les choses. Il faut trouver d'autres moyens, tels le regard, le toucher, les odeurs, le sourire... merci, chère Mony, de ta lecture, cela m'a fait du bien de m'exprimer de ma manière la plus évidente et d'expurger ainsi quelques douleurs rentrées. cloclo
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