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Les jardins de Calude
18 janvier 2014

Dans la chaleur de la nuit...

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Je n’exagèrerai en rien si je vous dis que depuis son divorce, vers les années 2000, sa vie était devenue un véritable cauchemar. Elle qui aimait tant la compagnie ! Elle avait beau tenter de se changer les idées, d’aller au cinéma, au théâtre, à l’opéra, au bowling avec les quelques amis qui lui restaient (on se méfie toujours des femmes seules, ce sont soit des croqueuses de maris, soit des rivales potentielles, c’est pourquoi on les évite), l’idée de rentrer seule chez elle tous les soirs la mettait dans des états indescriptibles.

Se séparer à 48 ans n’est pas un cadeau. Les femmes arrivent à un âge où il devient difficile de cacher les petites imperfections, les rides naissantes, les ridules au coin de l’oeil, la peau moins ferme, les bourrelets, la mine défaite au réveil, que sais-je encore. Corinne était pourtant ce qu’on peut appeler une belle femme, élancée, bien proportionnée, avec juste quelques dizaines de grammes en trop, mais c’est à peu près tout. Côté cœur, c’était le Kalahari, elle avait bien fait quelques rencontres fortuites, essayé les sites sur Internet, failli même craquer pour un  coeurdepirate blond, jeune et sportif jusqu’au jour où elle s’était aperçue qu’il était vieux, marié et chassait tous azimuts sur le net. Elle avait beau se regarder dans la glace, en se disant qu’elle était encore désirable, le souvenir de ses formes sveltes d’antan et de son visage juvénile lui revenait sans cesse à la mémoire et lui rendait la vie impossible.

Pour se consoler, elle prit un chat. Les chats n’ont pas ce genre de prérogatives. C’était toujours mieux que rien, mais ça ne remplaçait tout de même pas la douce présence d’un homme, qui pourrait la réchauffer le soir de ses baisers et de ses tendres caresses. Le chat, lui, n’était caressant que lorsqu’il réclamait sa pitance. Une fois le ventre plein, il allait s’enrouler en boule dans le fauteuil, où il dormait pendant des heures sans lui prêter la moindre attention. Le cœur en chamade et l’âme défaite, elle allait se coucher dans ce grand lit qui lui semblait à présent immense et sinistre, s’endormait avec la perspective du lendemain, celle d’une vie banale, routinière et inutile.

Le salut lui vint de la Chine. Une idée de nos amis qui ne manquent pas d’imagination dans tous les domaines. Le concept venait juste d’arriver en France et elle trouva l’idée plus que géniale. En tout cas, c’était la solution pour elle, le fait de s’octroyer, à la demande, une présence agréable à ses côtés et qui ne porterait pas à conséquence. Là-bas, ils appellent ça les hommes-bouillotes, ce sont des hommes que l’on peut louer pour une nuit et qui ont pour mission de vous accompagner dans votre sommeil et de vous apporter la chaleur et le plaisir d’une présence à vos côtés. Mais attention, ceci s’entend, bien évidemment, en tout bien tout honneur. Ni l’un ni l’autre ne doit s’autoriser, au cours de la nuit, à frôler  l’autre ou à tenter la moindre approche. Présence et chaleur sont les seuls moteurs du concept.

Sa vie changea du tout au tout. Elle n’eut plus désormais l’appréhension des nuits solitaires et insomniaques. Quand elle se sentait seule et triste, elle tapait NUIT3636 sur son portable et la livraison s’effectuait dans l’heure. Au début, les modèles de bouillote changeaient régulièrement, ce qui n’était pas plus mal, mais elle s’attacha, sans s’en apercevoir et petit à petit au même modèle pour lequel, il faut l’avouer, elle se mit à nourrir progressivement quelques doux et secrets sentiments, indépendants de la chaleur naturelle que son corps de mâle dégageait. De son côté, l’homme-bouillote ne restait pas insensible aux charmes de notre belle esseulée et un beau jour, ou plutôt une nuit, près d’un lac…pardon, dans le lit en question, l’irréparable se produisit.

Iro savait ce qui l’attendait, c’était le renvoi pur et simple. Mais Corinne, que des années de privation avait rendue ardente et terriblement fougueuse, lui assura qu’à l’avenir elle ne pourrait plus se passer de ses services et qu’il était hors de question qu’il aille désormais se glisser dans le lit d’une autre et reparte contre sa volonté exercer ailleurs un si beau métier.

C’est pourquoi, au moment où j’écris ces lignes, ils coulent probablement ensemble des jours paisibles et heureux, mais surtout des nuits chaudes, bouillantes, voire torrides…

 

© 18/01/2014

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Commentaires
P
Oui, très bonne, n'est-ce pas, surtout en hiver !!
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P
un homme bouillotte une bonne idée ma cloclo, hummm
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P
Oui, c'est une idée géniale, à condition de rester dans les limites stipulées dans le contrat ! (mdr !)
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A
Tu peux me donner l'adresse ou le lien, j'ai une amie qui en aurait besoin ( rires)
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M
Voilà un beau métier qui va probablement faire baisser les statistiques du chômage.
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