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Les jardins de Calude
7 juillet 2012

Monsieur Grattepied (2)

Bref, pour en revenir à notre histoire, Rataplan fut bien surpris de trouver porte close et de ne pas entendre la belle voix de Monsieur Grattepied rassemblant son troupeau à grands coups d’alexandrins. Rataplan se rapprocha de la grille et aperçut un panneau collé sur celle-ci. Il y reconnut aisément la belle écriture pleine et déliée de son maître et y lut : aujourd’hui, exceptionnellement il n’y aura pas classe, car Monsieur Grattepied est parti chercher son prix à Paris.

Un prix, grands Dieux, je croyais que les prix étaient réservés aux élèves, et qu’on ne les distribuait qu’en fin d’année, entre le discours du directeur et la représentation des Femmes savantes par les meilleurs élèves …Et là, on était en janvier et c’était notre maître qu’on récompensait.

Un petit cercle s’était formé autour de Rataplan et les parents se posaient mille questions rapport à cette distinction. Un prix, mais quelle sorte de prix ?  Monsieur Grattepied aurait-il un hobby, un dada, un violon d’Ingres que nous ne lui connaissons pas ? Non, personne n’avait entendu parler de tout cela, le maître, en dehors de ses tics de langage, ne semblait pas avoir un talent reconnu. Il faudrait attendre à demain pour résoudre l’énigme et connaître le fin mot de l’histoire.

Rataplan dormit très mal cette nuit-là,  et se retourna cent fois dans son lit en s’interrogeant.

Le lendemain matin, il se rendit comme d ‘habitude à l’école, en espérant tout de même secrètement que Monsieur Grattepied ait manqué son train, ce qui permettrait du même coup aux élèves de jouir d’une journée supplémentaire de relâche. Mais ses espoirs furent vite déçus, car de très loin, il entendit :


Tous en rang deux par deux

Dépêchez-vous un peu

En  rangs et que ça saute

Je veux du zéro faute

 

Rataplan compta sur ses doigts. Des vers de six pieds indiquaient un état assez normal, mais tout de même une pointe d’agitation voire d’excitation. Il valait mieux ne pas trop le provoquer.  Il prit calmement sa place parmi les autres, et franchit en silence le seuil de la classe. Tous les autres en firent autant, on aurait entendu une mouche voler. Monsieur Grattepied gravit majestueusement une à une  les marches de son bureau, investit son fauteuil comme s’il s ‘agissait d’un trône, chaussa ses lunettes et d’une voix grave et solennelle qu’on ne lui connaissait pas déclara :

(à suivre)

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M
Et alors ? Et alors?
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